LA SOLITUDE...
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"... L'hôte inconnu est un voyageur dans la Bible. sous la tente d'Abraham, la réception se passe autrement. Le patriarche sort pour aller au-devant de son hôte, il le salue; et puis adore Dieu. Les fils du lieu emmènent les chameaux, et les filles leur donnent à boire. On lave les pieds du voyageur: il s'assied à terre, et prend en silence le repas de l'hospitalité. On ne lui demande point son histoire, on ne le questionne point; il demeure ou il continue sa route à volonté. A son départ, on fait alliance avec lui, et l'on élève la pierre du témoignage. Cet autel doit dire aux siècles futurs que deux hommes des anciens jours se rencontrèrent dans le chemin de la vie; qu'après s'être traités comme deux frères ils se quittèrent pour ne se revoir jamais, et pour mettre de grandes régions entre leur tombeaux...
On aime à se croire quelque chose dans les projets de la Sagesse, et à sentir que le moment de notre vie est un dessin de l'éternité..."
F. R de CHATEAUBRIAND, dans le GENIE DU CHRISTIANISME , livre I , pages 368 , 378.
Vaste océan de l'errance
Où le cap est au refus
La solitude dénie
Et le désert mélancolique
En la souvenance nostalgique
Trace les mots vagues
Des dunes
C'est un grand départ
Vers l'inconnu
L'âme n'aurait plus d'âge
Qui frappe et désarme l’artisan
L'œuvre de sa vie
Et brandit l'arme fatale
De la destinée
Fidèle à la peine et au chagrin
Plus encore au bonheur
La solitude est un refuge
Qui recueille
Dans la tourmente
L'incommensurable
Pélerinage de la pensée
La solitude voyage
A l'envers du décor
Existentiel
Et des jours grimés
C'est l'aurore
Aux psychés déformant
Les ombres qui fusent
Sur l’étoffe des souvenirs
Aux rameaux des jours fanés
La solitude
Brasse la peine du monde
L’interminable nuit
Scandant le mugissement d'un flot
Indifférent
Un ressac incessant
De lames de larmes et de sang
Qui barre les horizons meurtris
Et la solitude saigne
Sous la roue
Déversée en pâtures inhumaines
A la solde des canons
A la dérive du temps aveugle
Impassible des foules
Lâchées sur les routes
Du deuil
La solitude pour éclairer
Le choix de dire non
D’être jusqu’au bout du chemin
Le reniement révélé
Aux labours des années
Du labeur d’une vie
La solitude
Axiome de vérité
Mais à la solitude aussi
Cet univers de provocations
Et de pensées exaltées
Au large du mensonge
Des apparences
L’étreinte de la mer
Qui s’ouvre au grand large
Où L’eau pure et rebelle
Bafouée mais impétueuse
Au coeur des mots trahis
S'enivre de bleu
Du respect de la vie
Et d'amour
Je nomme solitude
Le silence
une larme qui hurle
Aux portes de l'enfer
Aux seuils choyés de la cupidité
Qui pointe les misères
Et les souffrances des hommes
Aux confins de la solitude
On découvre toujours
L’opprobre à la pauvreté
L’intransigeance des justes
L’indifférence au royaume des nantis
Des conquérants
Le cynisme de l’inutile
Et de l’éphémère
L’inique combat du bien et du mal
De la morale dans l’air des temps
Le puissant qui interpelle et dresse le humble
A des fins matérielles
Temporelles et contre nature
Comme on soumet impunément
L’animal le faible et la femme
La solitude chue
Dans les fonts de l'univers
La solitude hèle la marée humaine
Qui tue l’espoir
Elle abhorre l'abysse esseulé et mouvant
De la multitude au seuil
De la conscience
Et demeure
Dénégation de l’instant
Vertige de l’être renié
Qui proclame la solitude des foules
Génère le fugitif
Que la masse broie
Qui erre en bière vers les bas fonds
Du drame de l’exil d’une vaine foi
Dévoyé au fond du gouffre
Des hasards et des nécessités
Trop urbaines
Tellement modernes
Alors pourquoi la solitude
Frappe-t-elle l'homme
Insignifiant d’après le rang
La couleur et l'âge
Promptement évincé
Relégué ou méprisé
La solitude
L'antre de la distinction
Que dire de la solitude consacrée
Instituée au sommet du pouvoir
Qui ne se défait jamais
De son ombre prosternée
De l’aube faste
Et de sa lignée bien née
Jusqu'au déclin du voyage
D’un séjour providentiel
La solitude est manne
Des mandats dévorés
Au zénith de la passion
De l'égo ampoulé
Apogée de l’ambition frénétique
Qui auréole les repus
Les inconditionnels
Des logiques et des systèmes perclus
Des modèles et de l’assurance des puissants
Chez ces gens-là
La solitude veille éclairée
Sur les masses dénigrées
Célèbre en le culte ciblé du mérite
L'univers de la possession
Le crédo de l'ascension.
La solitude
Inaction désespérante
Impuissante face aux massacres impies
Des animaux de la diversité des différences
Cruelle comme l’enfance
Pauvre et dévastée
Sur l’autel de l’abondance
Muette et soumises
Aux vilénies de la puissance et du vice
La solitude ternit la Providence
La solitude distance des croyances
Epreuves et tourments
Aux antipodes de la clémence
Vont avec la solitude
Jusqu’au renoncement de la foi
Désespérante et cynique à la fois.
Et pourtant
Dans un monde aux valeurs perdues
Aux destins avides et tracés
La solitude sonne l'éveil
Citadelle de l’émoi et des rêves
Chantre de l’amour et du sacré
Il se joue là une mélodie contre la raison
Le baiser d’un parfum rare
A la floraison du désir
Vêt la solitude d'éspérances
Elle flâne sur les rives d’une rencontre
Et les songes deviennent
Ce qu’elle décline et esquisse
Rosée aux matins des fleurs
Un immense désert aux vagues de dunes
Blondes et orangées
L’oasis le mirage ou la source
Le long chemin de repentance
Qui des regrets fonde un puits
Où l’âme étanche sa soif de vérité
Et déjoue l'énigme et le labyrinthe du remord
La solitude égare
Punit l’être individuel
Au terme parvenu du moi
Et s'adosse contre l’arbre desséché
Qui ne prodigue plus de fruits
A la frondaison défoliée de l’orgueil
Cinglant aux vents de l’amour propre
Les jours noirs de l'abandon et du mépris
Elle brandit l’hiver lancinant
Et la bise sombre du silence
Grave l'implacable sécheresse du cœur
L’intransigeance et la rhétorique
Du nombre et des années
La solitude enlise
Etéint les foyers tout proches
Des jours lassés des heures grisées
De solitudes
Aux cieux si bas et dévalés du grand âge
L'absence tambourine
Sanglot incessant de la pluie
Quel vide céleste départ
La solitude
Pour qui n’existait déjà plus
Pour le convoi la foule
Liés au même destin
Vers le seul port qui soit
Sur le même et vaste océan
A partager chaque jour
La solitude conjugue et rime
La joie et la douleur
Pétrit entre terre et ciels
La glaise des sentiments
Entonne la prière des pierres
A la lueur d'un geste vrai
De la danse et du risque
O l'entend mélodieuse et euphonique
Ravissant l'instant de sublimes émotions
La solitude sans artifices
Près de la création s'est révélée
Comme un art de vivre ensemble !
Et vogue au fil de l’eau
Des cimes aux vagues éthérées
La mer est sa muse
Vastes et libres
Elle n’ont d’horizons
Que le cœur
Le vague à l'âme
Errant ou pélérinant
Là où personne médit
Où tout le monde aura passé
Sans voir
§
2 ème Ecriture le 28.02.2012