MERCI MR LAVILLIERS...
UN JOUR EN BALAGNA
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Découvrez Bernard Lavilliers!
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Ce ne fût pas un jour comme les autres, mais un jour égaré dans la torpeur d’un été mondialisé… Sous les cieux enfumés de Balagne, une petite ville balnéaire, très musicale,accueillante et chargée d’histoire a rassemblé une foule de vacanciers, d’hommes et de femmes venus de tous les horizons assister à une soirée culturelle,thématique, pour oublier le quotidien, la routine et vivre la Fête !
La place de la Citadelle affiche complet, les danseuses Brésiliennes, aux sons et aux rythmes lancinants de la Samba et des maracas, défilent en dansant dans les ruelles; les terrasses sont pleines, l’insouciance estivale est à son comble au premier croissant de lune de ce mois d’Août. Les mâts illuminés des voiliers mouillés devant une marina bondée dansent dans la nuit tombée et sur fond de voie lactée comme une noria d’étoiles. L’air est encore lourd, la terre expire une chaleur inhabituelle, le goudron transpire et les blocs de pierre de la jetée qui emprisonnent et figent le fond de la baie rayonnent dans l’eau de mer étale, aux mille reflets. Les mondes cohabitent, se croisent, se côtoient mais ne se mêlent pas!
Par moment le temps s’immobilise puis reprend le cours de son voyage avec les notes et les percussions d’une mélodie du soleil, qui se perd dans la nuit bleue de la mer, échappée des remparts et des fortifications Gênoises.
Cette petite ville ne s’attendait peut-être pas à recevoir celui qui dès le premier chant allait lever sur le port et la langueur d'un soir, le voile des anachronismes de notre temps…
On the Road again, Stand the Ghetto, Etats des Lieux, Le troisième couteaux, Solitaire, Les Mains d’or, l’empire du Milieu , la Salsa, Bosse, etc.etc. …ont inondé le Golfe, ravivant les tempos ancestraux, fustigeant et destituant les négations de la diversité et des différences, les bavures de l'ère moderne. Ces paroles se sont envolées dans la nuit des étoiles et sont allées frapper aux écoutilles des bateaux rutilants, métallisés, ces yachts de grand luxe relâchant dans un Port surdimensionné, rideaux tirés sur des repas de Princes servis et pris devant une foule médusée, affichant sans discrètion, d’insolentes et de faramineuses richesses à la face des mondes…
Les serviteurs ne sont plus des êtres de couleurs asservis, mais des personnes au garde à vous face aux Devises, celles des Dollars et de la puissante Croissance… L'appât du gain supporte et accepte beaucoup de compromis et de concessions!!! Les bateaux reflètent la démesure et le faste, ils reproduisent sur la mer les Palais des Rois, les Chateaux des Marquis et des Ducs d'avant 89; quant aux Marquises, elles promènent leur déhabillé sur les Ponts de Teck savonnés et rincés dans l 'eau du Port, la mer digère tout ...
A quelques mètres de la Marina, des places réservées à ces Messieurs de la Jet-Set, retentit une Musique Fusion, les mélodies et la poésie de cet Artiste qui voyagent à la rencontre des montagnes arides du Nebbiu. L'harmonie et le talent de l 'orchestre reveniennent comme un écho du Sud, de l’Afrique, de la Nouvelle Orléans, de la Jamaïque, enfin, de la traite des Noirs, pour monter à l’assaut du Cap Corse et pointer du poing, vers les « Rusés du Nord « , la misère, l’opprobre, la guerre, l’injustice de " l 'Ordre Nouveau ..."
Le concert s'achève avec des mots d’amour, scandés avec la douceur de la voix et des accords de Guitare de Bernard Lavilliers qui se perdent au loin , dans le Ciel de Balagne, jusque vers la vie, le temps, la jeunesse, les vestiges et les villages abandonnés de nos anciens qui travaillaient dur…
J’ai partagé, avec ma solitude et les désarrois de mon époque, quelques chansons du voyage des hommes. Avec un Artiste hors du commun, j’ai caressé une Idée de la Terre et de l’être, des souhaits, des émotions, des sentiments si bien que nous avons peut-être rejoint ensemble, sans le savoir, le Chant des Bateleurs, di i Tribbiadori sur les Hauts de Lumiu, autour de l’Aghjà d’Occi, les yeux égarés vers tous les limites d’une Île, pris dans la roue du temps !
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C’est ici, à près de 400m d’Altitude, que prend fin ce petit périple Culturel au Nord de mon Île, avec un gros pincement au Cœur et déjà la Nostalgie de ces heures perdues dans la danse de l’été.
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Je me suis assis au bord de l’Aghjà, avec mon âme et quelques mots choisis par le vent, les chardons brûlés et les saisons mortes. Chaque pierre amoureusement disposée de l’ aire circulaire de battage est un horizon, une espérance, un songe, un souvenir mélancolique, une belle moisson…
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L’air suffoque, la Terre déborde, la mer s’efface vers un horizon barré de vapeurs orangées . Un Ferry disparaît lentement, happé par un nuage de gaz très européen, en vacance, sous une chape de plomb. Son sillage encore blanc ressemble à la traînée évanescente d’un avion, le bateau s’élève, il rejoint le ciel d’un été fuyant à grande vitesse, d’une saison vécue comme une escale dans le voyage de l’existence.
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En contrebas, le flot des insectes de métal s’est tu, le tumulte assourdissant des voitures est emporté par un Libecciu soutenu. Devant le bleu de Balagne et ses moutons, les constructions déferlent en désordre vers la mer et les sables d’or insultant parfois l’Oliveraie et le verger; puissions-nous encore nous protéger, là où nos ancêtres se gardaient et se prémunissaient devant tous les dangers venus de l’extérieur, là où ils pensaient l 'habitat en termes de mariage, de noces avec la Terre et les forêts?
Je demeure silencieux, admiratif devant tout un village abandonné, en ruine qui trace encore dans le vide pers du ciel et de la mer toutes les destinées vécues, offrant l’océane grandeur de l’amour de la terre natale.
La mémoire des hommes,emmenée dans l’ivresse des senteurs, comblée de profusion pastorale, renaît avec les plaintes du vent chaud qui s’engouffre entre chaque pierre de granit mordorée, disjointe, à travers toutes les fenêtres et les portes de ces habitats défunts, bouches béantes qui se lamentent, pleurent la vie perdue et la solitude aux balbutiements de l 'automne.
Le hameau est accueillant, facile d’accès et occupe tout l’aplat d’un mont recouvert de chardons jaunes; vu de la mer, le village est appendu à la montagne, il se confond avec les barres rocheuses, noyés dans les brumes de chaleur. Je me suis penché à la fenêtre de la maison la plus reculée du village et j 'ai vécu la chute vertigineuse au-dessus des vagues, de tous les édifices blessés, plongeant dans l'oubli et le déchirement de l 'abandon. Les flots amènes et la lumières de la Grande Bleue ne pouvent plus rien pour eux...
Il domine les jours puis il loue les nuits dans une quiétude sacrée que seuls les vents, l’orage et le soleil oseront déranger. Le village et ses habitants le savent, ne mesuraient-ils pas l’importance des choses simples de la vie, n'appréciaient-ils pas à leurs justes valeurs les inévitables et généreux retours des nourritures terrestres ?
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Les édifices sont regroupés, ils forment un ensemble homogène, chaud, rassurant. Il se dégage de cet endroit une intense émotion, l’expression d’authentiques valeurs communautaires. Les ruelles sont étroites, les pas de portes ornés m’invitent à découvrir des intérieurs éloquents où les meules, les auges et les pierres à huile, les foyers, racontent les jours besogneux de la vie rurale.
Je ne suis que de passage, debout comme ces colonnes de pierres prêtes à vaciller et je perçois ici un équilibre précaire, les limites de notre temps qui ne tourne pas rond !!! Devant ces ruines, j'entends comme un incessant refrain, cette chanson de B.LAVILLIERS, hors du temps, qui commence ainsi:
"... Nous étions jeunes et larges d'épaules...
On the Road again, again ..."
Et la vie s'échappe, s'envole un peu chaque jour où si peu de choses du passé peuvent la retenir!
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Merci, Monsieur LAVILLIERS !!! , CRISTIAN le 4 Août 2008
. Photo et texte de M56, pour CORSICA...GO56
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Photo et texte de M56, pour CORSICA...GO56
ON THE ROAD AGAIN
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Nous étions jeunes et larges d'épaules
Bandits joyeux, insolents et drôles
On attendait que la mort nous frôle
On the road again, again
On the road again, again
Au petit jour on quittait l'Irlande
Et derrière nous s'éclairait la lande
Il fallait bien un jour qu'on nous pende
On the road again, again
On the road again, again
La mer revient toujours au rivage
Dans les blés mûrs y a des fleurs sauvages
N'y pense plus, tu es de passage
On the road again, again
On the road again, again
Nous étions jeunes et larges d'épaules
On attendait que la mort nous frôle
Elle nous a pris les beaux et les drôles
On the road again, again
On the road again, again
Ami sais-tu que les mots d'amour
Voyagent mal de nos jours
Tu partiras encore plus lourd
On the road again, again
On the road again, again
On the road again, again
On the road again, again
On the road again
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BERNARD LAVILLIERS