MEMOIRES DU VENT, LA VAGUE....
C’est une communion féerique
Ethérée
Un jour d’osmose avec l’Océan
Et les chorégraphies de l’eau
Quand les ciels étonnent la mer
Offrent à l’immensurable
Leurs joyaux de pureté
Effleurent à se dissoudre
Les vastités pers
Solitaires et mouvantes
Enlaçant l’indigo et l’azur
Du délire des songes
L’horizon est aux vents
Les vents sont à la mer
Constellée de moutons
De crêtes fumantes
Laine cardée risées odorantes
En ces joyeux abrupts écimés
Qui parent les vagues soyeuses
Les rivages esseulés
Aura de la mer et de la tempête
De la terre transie
Le grand large lumineux
Fait au nuages en ballons
A la voûte céleste
Un merveilleux et sidéral miroir
L’Orient s’embrase
Emmené dans le lit du vent
Proclamant aux premières lueurs
L’arène ondoyée l’Eden pourpre
Aux faisceaux d’argent
Sous une pluie d’étoiles
Et la rosée d’embruns
L’arc-en-ciel souligne
Le croissant de lune attardé
Veille encore sur les rochers mordorés
Égrène en voyage mille destins
Est-ce en mer que dérive
Et muse l'espérance
Suis-je marin l'être déraciné
Toisant la rive et la peur
Venu chercher l’essence des mondes
Sur la longue route solitaire
Sillages labyrinthiques sans paraître
Egarez-moi dispersez-vous
La traversée est trop courte
Lancinante comme un regret
Est-ce en mer que l'on mesure
Que l'on entrevoit au-delà de l’azur
Des abysses et de l’onde
L’issue définitive cette hypothèse
Hors du temps
Que danse la goutte d’eau
Unie à la mer originelle
A la mer natale
La preuve apaisante
Intangible de toute renaissance
La haute mer gronde
L' encre intumescente
Déchaînée enroule et love
Une myriade d’ellipses
Disperse la multitude
Evanescente aux sept couleurs
Envoûtantes
Du printemps et des giboulées colorées
Elle s’élancent voiles diaphanes
Virevoltantes aux rafales
Teintées d’eau de roche d’aigue-marine
Inlassablement soulevées puis reposées
Et l’eau euphonique frémit
Jusqu’au bout de mon sang
C’est un ballet absolu
Renversant comme l’Amour
Une scansion inextinguible
Pour l'infiniment petit
L'Être qui me possède en cet instant
Et qui accompagne
Amant choisi et élu
l’Onde reine
Majestueuse épaisse sombre
Messagère de l’ouragan lointain
De ce monde que seul l’oiseau risque
Du chasme de la pleine mer
Altière surgi du chaos si belle
La vague énigme des grands fonds
Se détache animée et déterminée
Voici l’assaut tumultueux
Peut-être meurtrier
Certains diraient sournois qui nous ont quittés
Elle tonne déjà dans l’unissonance des flots
Ébranle les certitudes
Fluxion de l'énergie magnifique
Qui bouscule la sagesse
A la source altière de l'azur
Sa taille est effrayante
L'émoi comme un dédale de hasards
Découvre et espère encore
Timides reflets fanaux vacillants
Qui balisent les sentes de mes nuits
Du terrien que j'arpente et ne reconnais plus
Qui assènent dans le clair-obscur
Les obsessions d’une existence à jouer
C'est un colosse malicieux
Une légende fantomatique
La vague se décide et se cabre
Complice des hauts fonds
Elle s'enroule puis devient galbe
On ne voit qu’elle qui respire et palpite
Beauté sculpturale pyramide de cristal
Caléidoscope iridescent
Elle accélère féline
Prompte à déjouer la ruse
A nier la joie à dévoiler l'essence
Ne retarde-t-elle pas sa chute
Par les vents contraires
Embellie et grandie
Pour que se répande opulente
La chevelure parfumée de la mer
Aux allures de chevauchées effrénées
Virginales et sauvages
La vague soulève attire
Être n'est que soupçon ébat
Sur les pentes satins d’un rêve
Le glacis d'une peau nacrée
Dévalant l’antre extatique et lumineux
Je contemple les jeux du soleil furtif
Et de ses rais traversiers
D'indicibles vitraux
Leurs ineffables émaux
Révélés dans les plus chatoyantes
Et éphémères diaprures
La vague est une invite
A la candeur des jeunes années
Au plus profond de l'élan
Au plus vaste de l'orbe
L’enfant s'est blotti
S'en revenant de la vie
Bercé puis recueilli
Qui tremble de tout un frisson
Et qui s’apprivoise doucement
Ô souvenance
Ivre des plaisirs et des jours
Qui jaillissent et me ceignent
Assouvis aux ciels empyrées
A la source au puits de l’espérance
Au sein de la mer
Entre don et abandon
La vague en sa lèvre ourlée
Gourmande et suave à la fois
Fonde la lumière
Qui aimerait sans craindre
Celle qui sera à toujours
Mystérieuse improbable
Le providentiel tremplin
Vers l’inconnu et la liberté
Prête à clamer la fin à héler la terre
Lorsque l'instant est à l’envol
A l’accomplissement du trajet
L'unique rencontre se fait apothéose
Euphorique partance
Par delà les brisants et la solitude
La complaisance hasardeuse d’une histoire
Aux dénouements redoutés
Que règnent l’ellipse et la courbe
L’heureuse issue des jeux de l’enfance
Liés l'un à l'autre insouciants
Aux confins de la danse
Comme en transe primitivement
Je sillonne les délires de la mer
Alors mon âme exulte l’univers scintille
Revenue au commencement des temps
Entre ciel et mer appendue et affranchie
L’atmosphère ouatée rejoint les nuées
Le vacarme solennel et vertical
Emplit de silence la fresque marine
Quand s’écrase sous le frêle esquif
Avec rage et tonnerre l’avalanche safre
Dévale un torrent de volutes neigeuses
Une marée d’écume pétillante
Qui dévorent le rivage
Le rendez-vous fatal s'éloigne
Le trépas a côtoyé l’oiseau dans sa chute
Issues inégales hasardeuses ou nécessaires
Il a vaincu la mort évincé la lame
Qui s'étiole dans un souvenir d’albâtre
La déferlante étirée étourdissante
Achève un long parcours
L'étoffe de mousse borde
Comme une caresse
La grève soulagée
Et je ressens la mélancolie
La nostalgie
Des migrateurs d’un jour
Du prochain vol
De l’irrémédiable retour
Cette soif d’évasion à étancher
De partition et de rime gestuelle à risquer
Au-delà des dunes inondées de bleu
On dit que là où ondule et s’efface l’Océan
Naît l'instant et l'éternité
Aux couleurs et aux senteurs fusionnelles
De l’illusion vagabonde
Qui submergent fidèlement
L'amant possédé
Un linceul vaporeux est retombé
La mer en ses mirages n'est plus que périple
Exil dans le royaume
Aveugle la passion
Le ressac est incessant
Une fabuleuse effusion de joies
Un trésor de semences
Au levain des pensées
Ô étendues des mers
Prairies et chants de lin bleu
Je vous aime
Ô vague d’un jour je t’aime
Je reposerai en toi
J’habiterai ton éternité
§
5 ème Ecriture le 31.03.2012