CARCO, POESIE DE LOUIS ARAGON...
Francis CARCO. Photo et Copyright/Harlingue-Viollet
...
Dis qu’a - tu fais des jours enfuis
De ta jeunesse et de toi-même
De tes mains pleines de poèmes
Qui tremblaient au bout de ta nuit
.
Il avait toujours dans la tête
Le manège d’anciens tourments
De la fenêtre par moment
Parvenaient des bouffées de fête
.
Où sont les lumières lointaines
Voici fermés les yeux éteints
Ce chant des lilas au matin
De Montmartre à Mortefontaine
.
Tu meurs sans avoir vu le drame
Carco qui ne sus que chanter
Te souviens-tu de cet été
De Nice où nous nous rencontrâmes
.
On faisait semblant d’être heureux
Le ciel ressemblait à la mer
Même l’aurore était amère
C’était en l’an quarante-deux
.
Excuse-moi que je le dise
Dans ce Paris où tu n’es plus
Comme Guillaume l’a voulu
Qu’un nom qui se mélancolise
.
Que l’avenir du moins n’oublie
Ce qui fut le charme de l’air
Le bonheur d’être et le vin clair
La Seine douce dans son lit
.
Ce cœur que l’homme avec lui porte
Ne change pas avec le vent
Nous mettrons demain comme avant
Des coquelicots à nos portes
.
Les mots que nous avons cueillis
Les voici pour celui qui meurt
Passent les gens et tu demeures
Ô poète de mon pays
.
Dis qu’as-tu fait des jours enfuis
De ta jeunesse et de toi-même
De tes mains pleines de poèmes
Qui tremblaient au bout de la nuit
...
LES POETES
21.09.1960
Chapitre: Spectacle à la lanterne magique
Extrait de : Celui qui s’en fut à douleur