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LE CHANTAGE AUX PETITS ENFANTS !...

 Je vous présente FRIGG ET WÖDEN 
Ils vont par deux 

pour ôter à leurs deux jeunes  enfants
depuis sept ans 
leurs grands-parents
ainsi les endurcissent-ils
en  ce bas monde de rustres
Ils vont par deux 
pour nous rappeler 
ce que le Ghetto
infligeait à l'enfance 
L'absence la séparation 
la séquestration
l'ombre de la mort vivante
Le regard froid des camps
pour unique commandement
Ils vont par deux impunis
et fiers de leur forfait
s'affichant sur les réseaux 
avec ce que leur auront transmis
les aînés et ainsi pavanent
en glissant sur l'aisance
la suffisance des arrivés
à genoux
Ils excellent dans l'art de la comédie
de la manipulation
ainsi de leur entente immuable
face à la mort d'un parent
ne daignant pas accompagner 
la douleur et le chagrin
Ils vivent à trois lieux du foyer
et mentent aux petits enfants 
qui auraient souhaité 
faire une halte
chez leurs grand-mère

leur grand-père 
recevoir ce supplément d'amour 
à part si rare pour celle et celui 
jadis qui en furent privés
à l'autre bout de la planète
Ils vont par deux méprisant 
la maladie d'une mère
gravement atteinte
arguant et criant au chantage
afin de ne rien concéder 
à la compassion
Ils marchent à l'amble
épousant les contours torves 
du mensonge et ricochent 
entre menterie et comédie
se reconnaissant l'un dans l'autre
comme un seul
afin de se regarder le matin
en con-science
 redoublée
psychée sans tain oblige
où ils s'égarent à l'envi 

Ils épousent tous les ans 
ces bons voeux qu'affectent 
les relents d'une lâcheté 
sans pareille dominant
de la taille des grands dadais
leur progéniture soumise au diktat
de l'intransigeance
et que  trompe l'éphémère étrenne
Il vont par deux cultivant 
les sillons de la méchanceté
car s'en prendre à la candeur 
à l'innocence pour régler des conflits d'adultes
signifie chantage aux petits enfants
pour les grands-parents
et pour les victimes 
l'odieux verdict  la sentence
inommable de la cruauté 
Alors ils courent par deux 
pour mieux échapper à la vérité
qui les talonne
enfonçant le clou indolore
qui eût habitué  les petits
insensibles qu'ils seraient devenus
à la douleur du silence éloquent de la soumission
avec force absence privation
au terme de l'oubli
dussent-ils en briser le lien des racines
et du coeur

Chez ces gens-là
Madame Monsieur

on n'aime pas  on aime plus 
on domine le culte 
A FRIGG et WÖDEN 

Robert_DOISNEAU_



PALESTINE 2014

LETTRE OUVERTE - PETITION A MONSIEUR FRANCOIS HOLLANDE
NON AU GÉNOCIDE PALESTINIEN ...




Monsieur,


« L’indifférence, la pire des attitudes », disait Stéphane Hessel 
Je rajouterai la tromperie et le mensonge....

En effet, voici la teneur de ce 59ème engagement, lors de votre candidature à la Présidence de la République.
 (...)
 " Je prendrai des initiatives pour favoriser, par de nouvelles négociations, la paix et la sécurité entre Israël et la Palestine. Je soutiendrai la reconnaissance internationale de l’État palestinien ». 



En acceptant, par votre soutien inconditionnel et cette allégeance aveugle à un pays étranger qui viole depuis une soixantaine d’années les principes de droit international les plus fondamentaux, vous contribuez à importer la guerre à l’intérieur du pays qui vous a élu Président
Votre complicité  avec l’État sioniste se double d’une soumission absolue envers ses représentants en France.


 Au point que :

    VOUS  PRÉSIDENT, autorisez  des parlementaires franco-israéliens ( conseillers de Benjamin Netanyahu ) à se revendiquer publiquement sionistes, à émettre des propos monstrueux qui relèveraient - en tant normal - de condamnations graves au pays des droits de l'homme

VOUS PRÉSIDENT, autorisez le départ de jeunes français bi-nationaux - dont beaucoup  mineurs - à s'engager auprès de l'armée " Tsahal ", celle - là même qui massacre les civils palestiniens ...Dois-je vous rappeler les déclarations de M. Liberman, Ministre des affaires étrangères israélien ( homologue de M. Fabius ), sioniste, Je cite "  la destruction de Gaza est une bonne chose..."

VOUS PRÉSIDENT , autorisez que  La France subventionne à hauteur de 66% des sommes versées, des réductions d'impôts pour des dons à l'armée Israélienne... Les soldats de Tsahal qui tuent et massacre la population de Gaza.
 L’outrance de ce type " d’opération humanitaire", son montage économique est scandaleux. Sur son site internet, l’association - Tsidkat-Eliaou pour ne pas la nommer -   met clairement en avant le remboursement par l’état français de 66% de la somme donnée afin de soutenir l’armée israélienne. Un remboursement via déduction d’impôts possible par l’obtention d’un reçu CERFA. L’action de ces « bénévoles courageux » ne se résume pas à aider les nécessiteux de la ville sainte,  mais participe aussi à fournir des douceurs aux soldats israéliens pour les soutenir dans l’épuration ethnique des Palestiniens...

VOUS PRÉSIDENT , accréditez l'idée que cette guerre serait menée par deux armées qui combattent l'une contre l'autre. Le fait même de renvoyer dos à dos l'occupant colonisateur israélien avec les palestiniens, comme vos propos tendent à le suggérer, est démagogique.
Non monsieur, ceci n'est pas une guerre mais un génocide qui se déroule sous vos yeux , sous nos yeux.

 La Palestine est sous occupation depuis 1947, sous blocus depuis 2006...Israël fait fi de toute considération humaine et de droit , nie la légitimité des palestiniens à vivre librement dans un État normal, justement partagé, aux frontières sûres et reconnues. Devant  des milliers de morts Palestiniens ( voir précédents massacres ),  la destruction d'une économie et l'éradication d'un peuple, vous nous soumettez le mot qui fait peur : TERRORISME...Il fut un temps où en France, les résistants étaient nommés des terroristes par l'envahisseur nazi... Ils étaient armés et provoquaient des attentats meurtriers ...Aujourd'hui, de par vos fonctions, vous fleurissez les tombes de ces terroristes qui se sont battus pour sauver la France...leur pays... votre pays ...Voyons Monsieur Hollande, nieriez- vous le droit des palestiniens à se défendre, à revendiquer une indépendance si chère payée durant plus de soixante ans, à résister devant des envahisseurs inhumains qui n'hésitent pas à tuer toute une population civile ...?!! Une armée d'occupation qui commet de tels actes a perdu toute légitimité ; elle n'est plus qu'une puissance d'humiliation, de torture et de mort...
Vous nous soumettez également les victimes israéliennes qui sont à 98% des soldats de l'armée, une des plus puissantes au monde ! La quatrième il me semble...et régulièrement réapprovisionnée en armes de toutes sortes par les USA...!  Je ne peux que constater qu'il existe des morts propres et des morts sales, des morts que l'on regrette et des morts qui puent !!! Cela s'appelle de L'APARTHEID  ET DU RACISME Monsieur ...! La stigmatisation des palestiniens et la haine des populations arabes

Permettez-moi de  citer un homme que vous avez dû admirer lorsque vous possédiez encore un idéal : Nelson Mandela , " « L’ONU a adopté une position forte contre l’apartheid, et avec les années, un consensus international s’est constitué et a contribué à mettre fin à ce système injuste.  Mais nous savons bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens. »

Notre solidarité avec la Palestine n'est pas une renaissance de l’antisémitisme comme l'évoque lamentablement une propagande gouvernementale française, c'est une lutte pour la paix et la justice, n'en déplaise au lobby sioniste ...


 Au côté de Mahmoud Abbas vous avez déclaré " « Je ne cherche pas un équilibre, une espèce de parallélisme des formes. Ce que je fais en Palestine, ce que je fais en Israël, c’est être utile. Ce n’est pas simplement évoquer des principes mais être utile. Il ne s’agit pas de faire plus pour les uns ou plus pour les autres, mais de faire plus pour la paix» 

Donc deux pays en paix, dont un, prison à ciel ouvert  ! Cela vous agrée Monsieur ?

Propos  frileux qui ne vous engagent en rien ...

Non monsieur, vous n'êtes pas utile ! Vous participez, de par votre partialité et votre " amour  " pour Israël - je vous cite ! - à ce que la France soit un relais docile de la propagande d’État israélienne.  Par votre désengagement , ce lourd silence et la non-application de votre promesse électorale,  vous entraînez votre peuple dans une guerre de civilisations, de haine et d'inhumanité...Vous participez vous et votre gouvernement, à importer cette violence que vous passez sous silence ! 

Jean Jaurès, dont nous célébrons le centenaire de l' assassinat, aujourd'hui, aurait certainement fait partie des gazés de la manifestation Parisienne...

Hélas, Monsieur Hollande, vous avez spontanément choisi le camp des néoconservateurs, un léger relent de la SFIO de Guy Mollet 

Hélas, Monsieur Hollande,  vous tournez le dos à l'espérance et à l'humanité, égarant ainsi ceux qui vous ont fait confiance. 
Le décompte quotidien et morbide des victimes palestiniennes ne me permets plus de vivre sereinement ... et plus jamais désormais  ! Et  vous ? 

C'est pourquoi je vous dénie le droit à utiliser le vote que j'ai déposé dans une urne un matin d'espoir... Je le reprends, fictivement certes, mais il n'appartient plus à un président en qui je ne fais pas confiance...J'espère simplement que beaucoup me suivront dans cette démarche...

L'histoire honorera un jour le martyre et le génocide du peuple  palestinien, et l'on enseignera certainement dans le détail aux enfants du monde, les niveaux de responsabilité des béligérants et de leurs alliés.

L'histoire retiendra certainement votre nom Monsieur Hollande, certainement !
Aux côtés de celui de Benjamin Netanyahu et de ses alliés, vous aurez perdu votre âme !


Pour terminer, cet extrait d'un des plus grands poètes arabes de notre temps, palestinien de surcroît -Mahmoud Darwich dont le nom a été attribué à une place de Paris -  cette citation tiendra lieu de formule de politesse Monsieur...

" Ils ont volé ma terre, brûlé mes oliviers, détruit ma maison, pris mon eau, bombardé mon pays. Ils ont tué ma mère et nous ont affamés, mais tout est de ma faute puisque j'ai répliqué en leur envoyant une roquette. Et donc ils ont pris encore plus de ma terre, brûlé mes oliviers, pris mon eau,bombardé mon pays, tué mes enfants ... "

PALESTINE 2014




Caroline Mennetret

!!!

Pages
L'ESPACE MUSIQUE !



Nous tenterons de voyager  un peu
à travers toutes ces évocations musicales
diverses et si variées des  Musiques du Mondes ! 
Des Artistes remarquables ne laissant jamais 
de porter les messages sans frontières du coeur
et de la fraternité.
Les cinq continents, bien au-delà, des tribus encore
des peuples à l'orée d'un inéluctable déclin
nous transmettent l'expression d'un art 
remontant des âges sans écriture ! le rythme, la danse 
la transe, l'onde chamanique percutant de plein 
fouet ces vagues de sang versées à l'aune 
de la modernité
!
MILEMA_ARTE 
1 décembre 2009

LE PÊCHEUR A L'EPERVIER...

Découvrez la playlist New playlist avec Geoffrey Oryema


DSC04393

L' épervier tout percé, qui n'a plus pêché depuis 1974


 

La nuit était très étoilée. Une multitude d'éclats scintillait dans le ciel et qui la rendait encore plus profonde, plus noire, tellment lointaine. Le Kango roulait silencieusement ses eaux limoneuses au jusant vers l’Atlantique et charriait des billots de bois exotiques arrachés à la forêt vierge par les exploitants en amonts des grands fleuves. Les troncs démesurés avaient rompu leurs amarres de chaînes et se détachaient des immenses radeaux que les eaux massives aidaient à acheminer vers les ports de l’estuaire. Ils étaient livrés aux commerces vers l'Europe, partout dans le monde. 

Par moments, toujours surpris, de notre pirogue, nous voyions surgir dans l’obscurité ces mastodontes à fleur d'eau ; ils passaient si près de la berge, inertes ; arbres déjà morts mais rebelles, refusant le diktat des scieries industrielles et leur ayant préféré un échouage sur les rivages sauvages du Gabon, à l’orée de la forêt primaire. Ces grumes comme on les appelle dans le jargon professionnel jonchaient à perte de vues les plages de sable de ce pays magnifique, reposaient sous les cocotiers, les badamiers et autres filaos qui poussaient en bord de mer. Ils peuplaient la grève, se déplaçaient comme une flottille en marche par forte marée puis s'échouaient ailleurs, après avoir été emportés par les déferlantes, les crues des grands fleuves. Ils constituaient pour la navigation de sérieux dangers. Nous en tenions toujours compte lors de nos traversées diurnes ou nocturnes de l’Estuaire pour atteindre la Pointe Denis, Pongara ou le phare Gombé plus au Sud, en Atlantique.
De si beaux tableaux aux scènes inoubliables défilent aujourd'hui devant mes yeux. Avec eux, me reviennent nos actes de bravoure ou de témérité à relativiser, certes, mais à plusieurs égards inconsidérés, à la limite de l'inconscience ; ils ont marqué mon adolescence. Je les sais encore vivants autour de ces billes de bois, à l'ombre des arbres majestueux qui bordent les plages ou bien encore le long de ces rivages abandonnés à la mer, à cette frange infinie et solitaire de la côte occidentale de l’Afrique Noire, sous l'Equateur géographique.

Les  cris énigmatiques des oiseaux et des singes évoluant dans la canopée, le barrissement des éléphants à la nuit tombée, les longues houles arrivées de l’Hémisphère Sud brassant violemment le sable, ces orages équatoriaux soudains et si violents qui nous surprenaient en mer, tous les faits de pêche des autochtones animant et tissant la vie de ces petits villages resserrés de huttes, de cases en planches et aux toits de tôles ondulées, les longues sennes et les éperviers à sécher, déployés au soleil lourd de midi,  les pirogues multicolores larges et galbées, hissées précautionneusement en lisière de forêt et qui attendaient sur leurs petits rondins de bois, prêtes à repartir, ces interminables pistes et chemins de latérite encaissés qui sillonnaient la  forêt épaisse, tout cela conférait à nos aventures, à nos élans incontournables, irrépressibles, emplis de curiosités, ces parfums de découverte, d’unicité, de révélation.

Nous nous faisions alors tout petits, humbles et plus que courtois avec la population locale, partageant en de rares occasions quelques moments de vérité au bord de l’eau, en pirogue ou sur les dunes immaculées de sable blanc. Là, nous attendions le ban providentiel de poissons, quelques appâts, de quoi préparer un maigre souper de fortune.

Je me souviens de ce matin lumineux, de cet homme campé au sommet d’un croissant de sable modelé par les vents, le regard perçant tourné vers le flot et la vague qui déroulait claire comme de l’eau de roche. Je m’asseyais à côté de lui, sans rien oser, en silence. J’observais  discrètement ce colosse aux bras puissants. Vêtu d'un pantalon d'étoffe bleue rapiécé, à la toile très épaisse, pieds et torse nus ; je ne parvenais pas à lui donner un âge... Il tenait son épervier enroulé dans sa large main, laissant pendre jusqu'au sable de longs pans de mailles plissées, prêt au lancer ; un brin de cordage entre les dents et deux plombs repliés lui donnaient cet air grave et impassible de marin tout en scrutant, en interrogeant la mer.

Ce filet arborait plus de cinq mètres de rayon. Alourdi à sa base par une chaîne de petits plombs aplatis puis roulés autour de la drisse ; ainsi il formait un cercle de dix mètres de diamètre voire davantage. Quelle fière allure avait ce pêcheur se tenant immobile et debout dans le soleil, avec son ombre décuplée portée sur le sable, gardant cette posture imposante et sûre, attendant le passage obligé du banc de mulets qui nourriraient toute la famille et qui sait, une partie de la petite communauté de pêcheurs.

Je respirais, parvenue jusqu’en bord de mer, la fumée des feux de bois qui brûlaient, se consumaient en s'échappant des tonneaux de fer rouillés, sortes de fours champêtres destinés à fumer lentement le poisson pendant de longues heures. Nous attendions sur le sable, placides et silencieux, bercés par le chant des vagues, offrant notre dos aux rayons redoutés du soleil africain. En cette saison, ils enflammaient le dénouement de chaque jour arraché à la subsistance.

Vînt l’instant tant attendu, éblouissant d'éclairs d’argent le chœur mélodieux d'une vague verte et translucide ; vers la gauche, la tête du banc de mulets remontait le flot ; à droite, la fin dispersée de l'essaim impressionnait par son envergure. Le soleil levant traversait la vague où chaque poisson offrait aux rais du soleil sa robe d’écailles, illuminait la mer foisonnante et généreuse.
Alors, le  pêcheur, d’un revers de main bascula son épervier sur la gauche et se mit à courir, à dévaler la dune. Sur ses derniers appuis qu'il ancra profondément dans le sable mouillé, il arma en deux temps son épervier et en un mouvement coulé, superbe et ample, le lança. Il imprima au filet l’orbe final, cette trajectoire fatale qui le projeta si haut dans les airs que je le vis planer, éployé comme une raie géante. Il s’abattit sur l’eau dans un bruissement de feuilles sèches, de pluie de sable pétillante. Il s’immobilisa très vite sur le banc de sable, à faible profondeur.

Geste séculaire et précis à l'encontre des éclaireurs du banc, des guides vaincus du flot de poissons... balancements immuables de la pensée commuée en un ultime mouvement parfait. Le rythme, les repères et le déroulement de la prise ont été convenus de si longue date ; la survie, en cette acte solennel, usuelle, presque cultuelle est toujours aussi gratifiante pour l’homme qui maintenant me sourit de tout un visage buriné, aux dents étincelantes de blancheur : le sourire généreux que rien ne retient, lumineux comme un banc de passage venu chanter la migration féconde et miraculeuse des flots, de la mer nourricière. Je le regardais intensément puiser ses forces dans l'océan, s'abreuver au rituel de la marée et des fonds.

Une à une, les petites mailles calibrées de l’épervier piégeaient ses pauvres victimes. Affolement et panique dans la cage mouvante, joie rassurée pour un pêcheur parvenu au bout de l'attente et dont l’épouse espérait le butin pour ravir les enfants de succulentes recettes locales épicées. Dans les touffeurs de l’équateur, là-bas, près de la mangrove et devant l’Atlantique, se jouait chaque jour le dilemme de l‘existence, le combat pour la vie, prodigue et cruel à la fois dans la grande partition d’une nature luxuriante, d’un univers  oublieux et muet, de renaissances abondantes, perpétuelles.
Lentement, le pêcheur remontait son filet qui se refermait inexorablement. La corde qui le reliait à son large poignet tremblait, frémissait disant la détresse de la proie. Le poisson avait  aussitôt compris ; acte tragique, la trappe n’était plus que sursauts argentés, éclats brefs et fuyants comme les reflets de la nacre, la multitude qui se disperse et se disloque. La pêche avait été bonne et la matinée récompensée pour un juste labeur. Témoignages éthniques saisissants aux significations paradigmatiques pesant leur poids d'adversités et de hasards déjoués.

Ainsi s’écoulaient les journées de cet Africain, loin du tumulte de la capitale, toisant, dominant du lever au coucher du soleil et au plus profond de la jungle, face à l’océan, le ras de marée des foules agitées, des villes.
J’avais tout juste seize ans et j’assistais entre deux rives  aux dialogues improbables de ces mondes si différents, presque hermétiques. Je demandais à mon ami, élevé à l’aune de ces savoirs, des terroirs ancestraux de me procurer un épervier, plus petit et plus maniable afin de dessiner dans le ciel l’orbe majestueux du filet, d'ouvrir la voûte de toutes ces mailles tissées, emmenées dans un même élan d‘espérances. Je ne voulais pas décimer un banc de muges ou d’aloses mais plutôt m’approprier l’image d’un geste noble et beau, capturer peut-être un coin de ces ciels si différents de mon enfance. Je le garderais gravé dans le fond  de cette souvenance bleue aux senteurs du voyage et de l’inconnu, je demeurerais empli du respect  admiratif que l’on porte aux hommes de bonnes volontés et à leur terre natale ancestrale.
Nous étions à la Pointe Pongara, aux termes envoûtants d’un long fleuve. Nous habitions deux hémisphères, là où les jours ressemblent aux nuits, à la naissance des océans. Le nôtre s’apparentait à la vie, vaste et imprévu.
Un vol d’oiseau aux ailes de fer devait me ramener en Europe, en France. Je débarquai alors dans la jungle, je heurtais de plein fouet le chaos et le métal. Je connus une prison sans murs, une geôle d’errances que je traînais avec moi comme un boulet . J'allais telle une ombre vacillante : le temps rivé au poignet filait vide et creux au cadran de la montre. Les quatre saisons barraient désormais les horizons d'un tout autre monde, changeaient l’immensité de l’espace en édifices sombres et cloisonnés.

Assis dans une salle de cours,  je regardais tomber la pluie entre les mailles d’un épervier... Il ne devait plus jamais coiffer le ciel et le soleil de son aura de plénitude et de joies simples.


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Cristian-Georges Campagnac

Brouillon revu le 21.12.2011 - à suivre -

Souvenirs d'enfance au Gabon

 

 

 

 

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  • Témoignages d'une Alchimie, d'une osmose Nature et Culture. Cet Espace voudrait être une Ode à la diversité, à la Tolérance et au respect de la vie. Différences, exaltation des richesses du passé, des savoirs-faire, expressions artistiques et culturelles,
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