VINTILEGNA
" ... Ventilegna, si tu évoques toujours les naufrages passés et ces vingts mâts déchus hérissant tes eaux par une nuit d'embuches et d'honneur, tu resteras pour moi l'antre, le chantre des vents, cet abîme où ils lancent d'interminables plaintes à l'assaut des sommets, leurs rimes aux nuages dans un ciel limpide et le vaste poème de la mer ... "
C-G C
Vintilegna ! vaste golfe ouvert à tous les Larges, à tous les lointains que le rêve, l'illusion, l'attente, l'espoir fabulent... Un balcon, une vision aussi sur la mer, quelques mirages isolés ou dansant dans l'azur. Vintilegna, comme l'issue d'une vallée aux pieds des montagnes et de leurs blocs cyclopéens broyés par le temps, le martèlement incessant des vagues et le souffle rauque des tempêtes !
Vintilegna, cette anfractuosité que la terre cerne de ses longs bras déchiquetés, auréolé de verdures et de maquis. Les incendies t'ont meurtri et tu t'embrases à chaque printemps renaissant des jours parfumés de ciste, de myrte, de ces baies de genévriers qui font tourner la tête !
Et quand se lève le coup de vent, bousculant l'ordre des saisons et la raison des époques à visage humain, Vintilegna fleurit, exhale l'haleine iodée de la mer, en chaque flot, à chaque vague venue se coucher sur une dune épaisse,ocre, riche de tous les ors et les émeraudes du rêve.
Vintilegna, comme toutes les anses, une jarre immense et galbée que la mer comble, tu ouvres tes paupières d'Île, tes marines que les vents comblent et inondent. Et les ailes libres des jeunes prairies empruntent l'errance et la migration, claires comme de l'eau de roche et le torrent des montagnes.
Qui sait, qui connaît tes moires et tes cieux que l'aube et l'aurore exaltent, que le firmament embrase tel le pampre, l'étain ou le cuivre fourbis au couchant, quand la vague finissante coiffe d'embruns, languissamment, ton bestiaire minéral et tes collines !
Je te parcours, je te sillonne comme un fou, j'en repousse du regard tes limites avec tes oiseaux qui me suivent et me parlent dans le silence bleuissant, le mutisme mélodieux des turquoises et de la tourmaline ondées .
Je te rejoins dans nos songes opalins, je ne crains plus tes révolins, le vent n'a plus de force, qui est sans prise, qui m'invite et m'attend. Et à tes seuils fuyants, je me livre aux plus doux des ballets... Ô souvenirs, je vous confie à l'onde, à toujours, essaimez, peuplez la crête des vagues, habitez la lame, rejoignez l'antre des jours et des nuits défunts, les passagers de la pluie et des vents que je visite si souvent...!
Non, je ne suis jamais seul et dans tes vallées profondes et ondoyées, les vastes combes solitaires, les sillons iridescents que les tempêtes creusent, tu me révèles l'indicible alliance, l'éternité d'un seul mot que chaque vague entonne, d'une pensée d'eau qui perle entre la naissance et la mort, entre le corps et l'esprit que tu unis.
A bord de la tourmente, au gré des bourrasques, sur tes chevaux ailés, emmené entre deux caps, je parcours, je suis un songe d'île que le petit matin et l'aure dénudent. Dans le soir revenu, tu es le port du marin ; entre les rives qu'une bordée a liées, n'as - tu pas veillé l'horizon, l'illusion perdue d'une âme à la mer
?
Et aussi loin que je porte mon regard dans la tempête, je vois la terre s'évaser, qui lève aux cieux comme un seul et unique calice, l'azur confondu et éternel d'une foi merveilleuse : la Mer
1 ère Écriture le 13.01.2011
2ème Ecriture le 16.04.2012
3 ème Ecriture le 26.11.2012