UN VILLAGE S'EST PERDU ...
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Milema vous exhorte à l'errance au coeur d'une Île, vers un village perdu qui frissonne toujours à l'aune d'un bonheur définitivement caché - parcourez ces Photos, ces Fichiers Images Grands Formats; vous les retrouvez aussi dans un Album exclusivement attribué à ce Village édifié dès le XI ème Siècle, à droite dans le Site et qui s'intitule : " Village perdu " - D'ici 2/3 jours ...!
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L'ancienne allée sinueuse et pierreuse a gardé dans sa chute vers la mer la trace des longues et des multiples errances de la vie qui va. On y entend encore le pas mesuré des compagnons de la terre qui furent plus d'une fois hôtes de l'oliveraie et de ces lieux bénis.
. Elle court et serpente sous un maquis dense, très profond, tellement ombreux que Mai, en plein soleil en deviendrait presque froid . Les inombrables yeuses, les vieux arbousiers, le lentisque tentaculaire trament au-dessus du chemin qui s'évase un épais manteau de verdure. Qu'il fait bon dévaler le versant et courir ainsi à la recherche du temps perdu, des fleurs qui un instant, dans toute l'existence sourient au pèlerin, l'espace d'un tendre amour de prairie ...!
A droite, presque subreptice, une pierre dressée, un menhir inhabituel, étroit et sans forme se confie en chemin dans un figement inaltérable, dépourvu de visage. Plus loin, c'est une sente furtive, dérobée qui me mène tout droit près d'une auge préhistorique, oblongue et largement creusée; à deux pas de là, entre le feuillage du myrte et du lentisque se dessinent les contours pétrés et ocres d'une très vieille chaumine. Je la découvre, empli de respect et d'admiration pour le travail de ces hommes tombés à jamais dans les forêts de l'oubli, emportés les jours de grands vents dans le tumulte bruissant des arbres.
Je suis sûrement sur la bonne voie et les indications des habitants du village voisin me semblent justes et suivies. Je marche à l'unisson du chant des mésanges et de tous ces passereaux égrenant l'éternelle candeur du printemps. A travers le feuillage, en toile de fond, comme un sublime tableau, je devine la mer immense, si bleue, de ce bleu intense que je lui connais et qu'elle ne me concède que les jours de tempête, la grand bleue qui me hèle et m'attire au-delà de tout, de la déraison, de mes folies sur les flots.
Je savoure alors mes pas alentis à la faveur d'une petite clairière et d'un replat. Un olivier millénaire arbore ses nouements intumescents qu'il déploie en de vénérables volutes, rejetant et fustigeant la gravité, le rappel et le fardeau incessants des années passées. Vieilli ? Non, il ne l'est pas ou si peu après les meurtrissures béantes que lui a infligé le dernier incendie en ravageant les coteaux il y a plusieurs décennies. L'arbre majestueux, puissant comme le cep de vigne renaît à la pierre, de ces racines, de cette chair qui se répand comme une robe ourlée sur la roche, un baiser d'amour et, qui relance à jamais de ses surgeons avides, mille espérances à l'assaut du Ciel. L'olivier est immortel !
Un muret éboulé nous octroie une échancrure à gauche. Je l'emprunte avec précaution et m'engage vers de petites prairies en terrasses, aux murs effondrés, jalonnées de pierriers. Les oliviers sauvages ont poussé, certains séculaires, d'autres, millénaires...! Ils éploient une voilure digne des plus grands cotres auriques. La brise marine s'est levée. Elle lèche les collines, chante dans les jeunes rameaux l'office de la vie champêtre. La lumière du jour conquérante, au zénith d'un soleil printanier s'immisce partout, danse et miroite comme l'eau, pénètre chaque interstice, s'empare de chaque faiblesse consentie par la ruine, illumine la frondaison et le sous-bois dans un chatoiement de rousseurs, de douceurs blondes et tavelées . C'est un enchantement, une féerie, une symphonie agreste !
Entre les branches et les troncs, parmi un dédales de blocs et d'épérons rocheux, les très vieilles maisons en ruines se révèlent, une à une, aussi belles que prêtes à défier indéfiniment le temps. Le plateau sur lequel a été bâti ce village s'achève avec l'abrupt, en un élan provoquant vers la mer comme s'il eut voulu éternellement embrasser d'un seul regard tous les horizons d'une Île à la merci de tous les dangers d'invasion.
Terre promise, de provendes et si généreuse qu'elle eût encore enfantée irrémédiablement pour ses enfants tous les rêves, toutes les illusions d'un créateur large et bon. La terre noire, grasse aux larges pieds des oliviers auréolés d'authentiques rivillins, baignée d'ombres et de lumières, esquisse ses oasis fertiles, trace les sillons du jardin et embellit les vergers féconds qui abreuvent une petite communauté lointaine et unique. Je hume la cueillette, le potager, la récolte intarissable des fruits ou la vendange; l'huile est pressée à même la cupule et la large pierre circulaire, l'eau claire fend la roche et le bois fume. Un concert de sonnailles accueille l'estive ou le pampre d'octobre, le foin est engrangé... L'hiver et ses langueurs peuvent arriver !
Je parcours ce hameau, un petit village aux maisons regroupées. On remarque aisément le cheminement de ses habitants et ses servitudes les disposant avec soins, jusqu'à la petite chapelle dont on décèle à peine l'éboulis de l'Autel. Une chapelle a été posée à l'entrée sud du hameau et orientée Est - Ouest afin de suivre en boucle toutes les naissances et les adieux prodigues du soleil à la terre et à la mer, chaque jour, par-dessus les montagnes et les nuits noires de la forêt.
De la tour de guet érigée en maison fortifiée sur plusieurs étages aux petites bergeries, rien n'est laissé au hasard. Il demeure ici un souci que n'achèvera pas la ruine... L'esthétique règne, dévoilant la symbiose de l'homme et de la nature, vivant et aimant l'élément en son inaltérable durée. Jamais un édifice n'aurait ici juré, enveloppé qu'il demeure d'une solennelle et éternelle splendeur, marqué du sceau de la nature magnifiée, mûre et féconde.
Avec acuité et sens du détail, je m'attarde longtemps sur le bâtis, la construction et les matériaux . La structure même de ces murs de pierres ocreuses dressés pour braver et protéger, poursuivront après la mort leurs indicibles invites de foyer et ces épanchements du coeur mêlés aux bains d'une nature qui rayonne de joies...
Le savoir-faire des villageois regroupés autour des travaux de la maison, de la tour, de la chapelle, du chemin, de la fontaine est troublant. Ils ont fusionné avec les rochers, la pierre, les blocs et les abrupts. Auraient-ils emprunté aux guerriers, aux ancêtres de l'âge du bronze les fortifications antérieures et déjà placées sur ces promontoires stratégiques ? Cela reste possible, largement plausible.
Ils bâtiront alors le village dans leurs lignes de force avec des pierres montées en chaînes d'angle régulières et massives, parfaitement ajustées et taillées. Les portes principales présentent de larges baies en Linteaux avec corbeaux ne concédant aucune zone de faiblesse. Les soubassements semblent avoir servies de caves tandis que les hauts abritent foyers, fenêtres décorées, pierres creusées pour l'écoulement de l'eau à l'extérieur, évidement dans les murs pour y disposer quelques rayonnages de bois.
Les murs agencés en pierres sèches calées avec de la terre rouge, à l'exception de la petite chapelle, alignent des formes moins régulières, confuses mais contenues par des arêtes d'angles redoutables de force et de tenue. Et partout où le bloc naturel trône et s'impose, il est le point de départ, l'assise incontournable de la construction, l'élément qui confère à l'ensemble sa solidité et qui témoigne du pacte pérenne de l'homme avec la terre, la pierre ...!
Tour armée, mâchicoulis, bretèche, poste de guet, fortifications, relief avantageux, les villageois ont tout tenté pour se préserver de la convoitise, des envahisseurs, des barbares, des groupes rivaux des vallées voisines. Rien n'y fit ! Le hameau n'a pu survivre, emprunter un cours de source et son ruisseau paisibles, la délicieuse ronde des saisons et l'antre fertile d'une existence parsemée de hasards... Comment sa destinée aurait-elle failli ? Il s'est éteint avec le soleil couchant, abandonnant ses racines d'outre tombe aux monts des oliviers mémorables et sages.
A cet instant, je reconnais le pacte des hommes, de l'olivier et de la pierre rouie, passé en ces lieux il y a plus de mille ans. Les arbres soutiennent le bâtis soigné des ancêtres. Ils tendent des bras tors vers une arête vacillante, entrent et étayent la ferme d'antan, l'arche et ses voussoirs.
Je suis de l'amont, de ces pensées de pierres ouvrées qui on chu comme des mots. Parcourant inlassablement la forêt, arpentant le maquis et les bruyères au chant du coq, je visite ces villages qui vont, leur chapelle pesant lourdement dans la mémoire, à chaque Foi ( s) délabrées et poignantes... Des villages qui s'animent en silence et me ceignent, reclus et dépositaires nobles du tour immuable des siècles ! et nous passerons encore et encore pour jouir de nos retrouvailles, hier ou demain ?
Et les oliviers répandent à chaque fois maints sacrements de suint et de labeur limoneux. De la sève épaisse et sapide des saisons, un village mûrit comme le fruit de l'arbre; éclosion de l'amour et de la vie au Champ étoilé d'asphodèles
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Première Écriture le 13 Mai 2011- en cours -
2 ème Ecriture le 05 Août 2011
CRISTIAN
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