DICT- AMEN
A chaque fois, toutes les fois, se laisser prendre par la mer... s'y confier avant de quitter le monde des terriens, les territoires conquis en sursis, bardés des barbelés du pouvoir et des dominances ...
La mer, comme le ciel des marins, en leurs horizons qui se confondent librement vers l'infini, est pourtant sans partage ; mais ils se prolongent et se ressemblent tant ! espace de rigueur et de liberté concédait Victor Hugo à l'encontre de la mer ... Mais que dire aussi du Ciel ?
La mer étant à l'image du ciel un reflet de ce dernier, à l'origine du Tout, afin qu'il en soit plus profondément révélé, palpable. Je la ressens aussi comme une quête de Ciel, vaste et rigoureuse, transcendante, une voie où dansent déjà des anges d'écume et d'embrun dans le choeur des étoiles . Entre vacuité et densité, la mer retient !
" Dieu l'aurait crée afin que l'on y soit bien dessus ", livrait B. Moitessier dans son livre admirable : " Tamata ou l'Alliance " !
Là où la terre est un ressouvenir, l'invite n'en devient que plus intense ; un appel irrépressible des flots et de l'étrave commande au dictamen de la conscience, d'un voilier nommé Esprit !
Un univers où la pensée trouve sitôt, aisément les sillons où germer ; une pensée plus féconde, aérienne, éthérée ; soif inextinguible d'absolu, de hasard et de nécessité essentiels ! C'est comme mer et ciel voudront ...
Et à ce contact quasi charnel de l'homme qui vogue sur le frêle esquif de sa conscience, caressant l'onde et la lame, reconnaissant le pouls originel des mondes, le pas est vite franchi. Qui s'éprennent à toujours côtoyant ensemble les vérités du grand large, l'azur, la lumière, l'empyrée ; et frôler enfin la révélation, déjouer les limites que le langage s'est imposé pour tourments. A destination de " l'infiniment petit ", emmené vers " l'infiniment grand " des étendues, il dépasse sans outrages l'entendement raisonnable ...
C'est une équation redoutable où le doute certes s'insinue sans cesse, lorsquil se dit : " mais que faire ici, en ce bas monde rude et figé, si ce n'est cette incapacité à s'oublier ; la propension à s'abîmer dans la masse, la matière, tenter de durer ; mais quels défis, quel pari insensé ...!
Pourquoi alors ne pas pousser au-delà des extrêmes périssables ? voir aux confins du bleu, au-delà de la nuit, répondre à l'appel de l'infini, poursuivre alors sa route ailleurs, immensément libre, choisir enfin de traverser, d'atteindre l'autre rive, sans âge qui tienne !
La mer, comme le silence des astres, la dune et le sable, une goutte de pluie reest le conte de l'infini, de l'éternel, du renouveau. Le temps, la durée et l'espace ne butent et ne s'arrêtent jamais, à travers lesquels nous voyagerions sans fin, sans autres repères que d'Être en un Tout, partie indissociable du Tout !
Alors, partir, revenir, rester ... Mais tendre, longuement bercé sur l'immensurable pelisse d'étoiles, en ce songe mouvant et ondé de l'Univers qui n'en finit plus d'égrener les secondes comme des années lumières, entrevoir la limite tangible de l'Univers à jamais vacant !
2 ème Ecriture le 13.03.2012
Susheela RAMAN