BIOGRAPHIE - GOETHE
Goethe par Delacroix
Un livre remarquable, une biographie touchante lancée à travers la Vie de GOETHE par Jean-Marie CARRE. Une étude que l'on traverse comme un récit, un roman, avec l'aisance et la motivation que caractérisent le talent et surtout les sources lumineuses d'un destin hors du commun. Une existence à la croisée de deux siècles terribles et le sentiment partout présent de passer aux côtés de quelques révélations essentielles. Voici, pour Milema_Arte quelques pensées de l'Auteur glanées au fil d'une lecture riche et passionnante...
L 'amoureux de la Nature fondamentale
§
" Mon coeur battait ! Vite, à cheval !
Aussitôt pensé, sitôt fait !
Déjà le soir berçait la terre
La nuit pendait aux flancs des monts... D'une colline de nuages,
Triste la lune regardait.
Les vents balançaient bas leurs ailes,
Frémissaient, lugubres, aux oreilles,
La nuit enfantait mille monstres,
Mais mon coeur était vif, joyeux.
Dans mes veines, oh ! quelle ardeur !
Dans mon âme, quelle flamme !... "
Poème du jour des Rois
§
" Chère Lili, si je ne t'aimais pas,
Quelle ivresse me donnerait ce spectacle !
_ Et pourtant, Lili, si je ne t'aimais pas,
Que serait, serait mon bonheur ? "
" Souvenirs des joies évanouies,
O toi que je porte au cou,
Nous enchaînes-tu tous les deux plus longtemps que le lien de l'âme ?
Prolonges-tu les jours fugitifs de l'amour ? "
Dans son carnet de route, un mélancolique quatrain
§
" Connais-tu le pays où fleurissent les citronniers ?
Où, dans la feuillée sombre, rougissent les oranges d'or ... "
§
" A toi, hexamètre, à toi, pentamètre, de recevoir ma confidence !
D'apprendre comme elle me charme le jour, et m'enivre la nuit ! "
" N'est-ce pas m'instruire aussi que d'épier les formes d'un beau sein,
De promener ma main le long des hanches ?
Alors seulement je comprends bien le marbre, je médite et compare,
Je vois d'un oeil qui touche, je touche d'une main qui voit .
Si mon amie me dérobe quelques heures du jour,
Elle me dédommage en me donnant les heures de la nuit.
On ne s'embrasse pas toujours, on cause aussi sensément ;
Est-elle surprise par le sommeil, couché près d'elle, je réfléchis,
Souvent même j'ai poétisé dans ses bras
Et doucement, d'un doigt musical, compté sur son dos la mesure de l'hexamétre ... "
Les Elégies
§
" N'as-tu pas vu la bonne compagnie ? Ton petit livre ne nous montre
Que les bateleurs et le peuple et même quelques chose de plus vil encore.
_ J'ai vu la bonne compagnie. On l'appelle bonne
Quand elle ne fournit pas matière au plus petit poème. "
§
" Toutes les Neuf ( je veux dire : les Muses ) me faisaient souvent signe
Mais je n'y prenais pas garde, j'avais mon amie dans mes bras.
Maintenant que je l'ai quittée, m'ont quitté aussi les Muses. "
Épigrammes
" Le triste sort de la France donne à penser aux grands !
Toutefois il doit plus encore faire réfléchir les petits.
Les grands ont péri : mais qui a protégé le peuple
Contre le peuple ? Le peuple a trouvé dans le peuple son tyran. "
" Tous les apôtres de la liberté me furent toujours odieux.
Chacun ne cherchait au fond que l'arbitraire pour soi.
Veux-tu délivrer la multitude ? Ose d'abord la servir !
Veux-tu savoir combien c'est dangereux ? _ Essaie. "
A la Révolution
"... Ma vie errante, l'humeur politique de tous les gens me font désirer ardemment de me retrouver chez moi. Là, je pourrai tracer autour de moi un cercle où, en dehors de l'amitié, de l'art et de la science, rien ne pourra pénétrer. "
Le Nord et l'Ouest et le Sud volent en éclats,
Les trônes se brisent, les royaumes s'écroulent.
Fuis, va dans le pur Orient
Respirer l'air des patriarches.
Au milieu des amours, des festins et des chants,
La source de Chiser te rendra la jeunesse... "
Divan, à la façon de son maître HAFIZ
§
" O soleil, tu essaies en vain
De luire à travers les sombres nuées.
Tout le gain de ma vie
Consiste à pleurer sa perte . "
L'oraison funèbre de Christiane...
§
" Devant son regard, comme sous l'action du soleil,
A son haleine, comme aux souffles du printemps,
Se fondent, si longtemps immobiles et rigides,
Dans les cavernes de l'hiver, les glaces de l'égoïsme "
L'Elégie de Marienbad
§
" Celui qui a toujours lutté et travaillé,
Celui-là, nous pouvons le sauver. "
Faust
" L'essence éternelle se meut sans cesse en toutes choses ;
" Car tout doit tomber dans le néant
" S'il veut persévérer dans l'être. "
Dieu et Monde
Sur toutes les cimes
La paix règne...
Attends seulement, bientôt
Tu reposeras, toi aussi.
" ... Plus de lumières, plus de lumières ... "