POÉSIE D'ENFANCE ...
UNE EXISTENCE AU BOUT DES DOIGTS
( Je dédie cette Poésie au Peuple Berbère ; en ces terres, en ces contrées, des femmes et des hommes auront toujours étonné la Création sans jamais laisser de fêter tous les jours de la nuit ...)
Peinture / Emmila Gitana
Le regard clair et profond des Aurès
De Gao à Tombouktou vers Tamenghest
Par-delà les Ergs et comme le Mirage appendu
Un pèlerinage les Racines du Ciel déjà consacrés
Voici les Matmatas Tozeur les regs salés infinis
Qui eussent aux yeux de la Croix du Sud
Honoré et salué lointainement
Les horizons fauves de Ghardaïa à In-Salah
Les terres du M'Zab aux collines ocreuses et conquérantes où l'homme
Se terre dans les touffeurs aveuglantes
D'un perpétuel été Ô bleuités
Illuminations promptes à vous unir
Aux jours embrasés de splendeurs au baiser d'un puits
Quand la brise des étoiles frissonne Pour les fleurs de la nuit obscure
Les foyers troglodytes des ksour déchus de l'Atlas
Embuant l'argile de la jarre et de la gargoulette qui suinte
Aux bassins colorés de la tannerie
Dans un cantique de noria
On foule aux pieds éreinté les pigments
Où mûrissent mille ferments d'antan
De tentures et de fresques l'Orient faste et secret
Ô Sapidité de l'Oasis du village prodigue
Que les lourdes palmes brassent
A l'unisson de l'eau des Garamantes
Courant les sillons frais débondant leur coeur de limon
Le désert s'élance envers et contre tout
Serment Du néant de la fournaise
La vie s'écoule comme elle abreuve
De sucs les moissons d'une Providence
Ceinte de remparts friables et éternels sur le parvis nu
De l'immense solitude des sables
J'arpente quelques venelles étroites
Aux arcades ombreuses leurs voûtes blanches
Où portes et fenêtres pers
Figurent leurs arpents précieux
De ciels ouvragés de zelliges
Et dans les échoppes dérobées
A la vue du pèlerin attentif s'ouvrent
Antiques ces havres aux artisans l'antre
Sans âge et serve qui se donne
Au-delà de la mesure au sablier incantatoire d'un atelier
Ouvrageant placides à l'incréé
Perpétuellement recommencé
Enfants et Vieux de leurs yeux rivés
Oeuvrent inlassablement habiles
Des mains et des pieds au tissage
A l'harmonie des teintes et des coloris satinés
Qui auront complu aux attentes de la Terre-Mère
A l'errance procréatrice d'une âme
Aux dessins candides et fabuleux
Grévée des pensées ondées du silence
Et tous les sens d'un commun accord
Se lâchent encore en composant
Le chant d'un monde nouveau
Osant avec résignation la litanie
Muette de l'obéissance l'épaisse étoffe
Qui eût au terme d'un jour
Suffi à bénir un humble repas Bercé la langueur du croissant
Et de là Quelle sérénité devant l'âtre
Le rituel apaisé du thé et des dattes
Autour d'un feu de cendres le pain cuit que la main caresse
Ô inclinations irrépressibles à la prière vers l'Etendue
Soumission renoncement au soleil migrateur
Mais dites-moi Que ne puis-je
Pénétrer plus avant le mystère
Qui préside à pareille source
A ces indicibles compositions d'astres
Où les lunaisons aiment à délirer
Aux confins du symbole et du signe
De la transcendance sans visage
Qui eût plu à Dieu ineffable
Il est au fil du tissage abscons
Les sigles l'alphabet des dunes
D'une profonde mémoire au substrat
Des mondes qui m'inspirent
Et aux desseins de ces mots
A vos côtés je tremble
L'émotion le frisson
Sans heurt qui n'est de nous
A partager dans la plus vaste
Des partitions de l'outil pensant
Et que m'inspire alors longtemps
Le poème que vous gravez
Au métier à tisser l'Etant
La trame et la chaîne des jours
Qui vous eussent au-delà
De toute rançon liés
Ainsi de la révélation d'un regard
A jamais accomplie Éminemment pur
Qu'en cet instant de sublimité l'âme
Et ses doigts magiciens
Eussent témoignés ensemble
Des plus beaux accords
Les essences de l'Orient ravissent le Ponant
Du chant des sables pulvéral
Dénué de tout et qui génère inlassablement
Les plus belles espérances
Et maintenant je marche seul
Sur la vire solennelle de mon enfance
Au terme d'une vie sitôt consumée
Qui orne le parchemin des fables tues
Les parois d'une grotte où tous les mythes
Exaltent les féeries de l'imaginaire
Toutes les rimes brodent
Et abondent en Esprit la Parabole
Sans que jamais vous ne fûtes trompés
Des jeux de l'ombre et de la lumière
Tant de fois vaguant à l'âme des méharées
J'aurais musé sur les rives
Du sommeil d'un océan figé
Je tenais le même flot de larmes sèches et de vents
Qui nous eût ici une nouvelle fois engendrés
On y fêtait les penchants au partage
Le voyage et la découverte
Tant de rencontres étranges
Qui nous eussent à toujours révélés
Les uns aux autres sans jamais
Enfreindre les voies de l'amour
L'émerveillement comme un écrin
Au creuset de l'abondance parcimonieuse
Fondait les ors d'un échange
Perpétuel et vrai Tellement fidèle
§
1 ère Écriture et Texte en cours, les 14 et 15 . 07. 2013 - Carnets de Voyages / 1964 - 1968 -
A Ecouter : MLIYI