L'ARBRE DE NOËL ...

Et si chacune de tes branches ouvragées
Révélait tous les arbres de la forêt
Nous aurions traversé l'automne fauve
Des frênes des aulnes des hêtres et des bouleaux
En leur essence dénudée  au grain à vau l'eau poli
Alors rêvons un arbre de Noël  imaginons
Enfin un sapin qui les eût tous épargnés
De la profonde entaille et de l'inutile cognée
Afin qu'ils ne soient plus ni blessés
Ni tranchés tel le cou tendre de l'agneau
En ce jour tant louangé des holocaustes par millions

Qu'importe le faste la forme les fragrances
Enfin la fraîcheur la rareté ou la cherté
De l'être que l'on élève pour le tuer et le vendre
Tandis que main dans la main sur les berges
Au rivage nous aurions ensemble longtemps musé
Cueillant les présents dévalés de la montagne
Et des torrents en chargeant lourdement nos bras
Pour l'histoire fabuleuse de la sylve qui renaît
Sous nos doigts  par nos incessants délires
Fêtons l'arbre recomposé et nos souvenirs
Le chant clair de la source qui l'élève si haut

Un jour de l'hiver que l'on aurait souhaité
Pareil à tous les autres et qui ne se jette plus
Une présence adroite et silencieuse ajuste
Ces bois un à un  Le rouge-gorge picore si près
Le soleil aime à se cacher    l'arbre tamise
La seule lumière seyant à l'ormeau ressuscité
Mon pauvre sapin sacrifié des vieilles forêts
Tu fus tant de fois chanté tant loué en ta futaie
Pour avoir été tranché puis vêtu de contes
Il n'est pourtant besoin que de quelques ramures
Que les ruisseaux emportent vers la mer
Ainsi de recouvrir en flânant la mémoire
L'enfance des racines toujours recommencée

Je ne veux ni fausse neige ni étoile
ces oripeaux surfaits caracolant  au faîte de l'abondance
Des loups et des ours que l'on massacre à l'envi
Dodelinant de la tête sur le parvis où volent les fourures
Je ne veux plus servir de faire-valoir au temple
De l'éphémère et de l'avoir sur l'échine osseuse
Des pauvretés des misères et des déshérités
Je ne suis qu' une image une  illusion l'humble cri  des faussetés
Que l'acide gifle au coeur des ronds-points
Je fais rêver les enfants et pleurer les grands
Quand les fêtes livrent ces accents de tristes gageures
Noël consacre le saccage de gigantesques forêts
Alors qu'expirent les poumons de la planète
Depuis l'exil des ethnies qui les protégeaient
A l'aube du monde et jusqu'à la fin de Noël ...

C'est un texte de Mataff, à bord de l'éternel esquif ; à toutes celles et tous ceux qui souhaitent un arbre sans la cognée ! 

Comments

[JOSS]

Pur et bel objet de la nature, est ce d'une tige métallique rigide centrale(formant le tronc invisible car dissimulé par les bois) que chaque branche se tienne ,merci de me donner des explications. qu'y a t il au sommet? je n'ai jamais réussi à fixer solidement mes essais sur un tel ouvrage.

la photo est belle, cette lueur ressemble à un foyer doré où le sapin de Noël a trouvé sa place.

A vous lire, Joss