L'ESSENCE DE LA TEMPÊTE ...
Chateaux d'eau irréels, illusions perdues ! Qui chevaucherait pareilles montagnes, emprunterait telles avalanches pour glisser sur la nuit éternelle ?
La rafale, reine vaporeuse par la nuit sans fond et sans âge dresse ses chevaux d'écumes. Les vagues suivent, fidèles et vraies, fascinent par tous leurs fards et les cimiers innombrables. Sitôt couchées, elles effrangent indéfiniment la vaste pelisse aux étoiles que la tourmente éploie,
chamarrée d'or et d'émeraude. Et les brisants vont, impitoyables, affolés, aux visions de cauchemars et aux naufrages perpétuels. La tempête qui gronde ! Pourquoi le mystère de l'obscur et tant de Soleil, les abysses et tant de clartés ?
Tiendrai-je la lame et le flot, emporté par le
souffle impétueux de l'hiver, saluerai-je encore une fois l'antre, l'emprise de l'ouragan lorsque la mer, aux échancrures des tombants erratiques des îles, ressemble et se répercute,
hérissée de blocs fantomatiques ? Comment, pareil tumulte, si profonde oraison des ciels baignés de la lumière des dieux. Ces pans d'azur y déploient
de ravissantes arcatures de pluie et d'embrun ? Alors, peut-être, à cet allant irisé, l'indicible attrait pour un monde si cruel et beau à la fois, sans émoi et où
l'arche de la conscience effleure comme elle ceint les cimes masquées de l'harmonie et de l'Alliance ! La vie pourtant s'abîmerait à la seule paille de l'acier qui eût cédé par la
force de l'onde. Quant à la raison, par trop sûre : quel crédit ? Je sais l'appel irrésistible, irrépressible la nuit en plein jour pour regarder encore plus loin que l'aube qui point ! et la mise est sévère, sans
compromis qui vaille le risque, le grand amour de l'azur ; le sais-tu ? ... Mais de l'unissonance des origines, des splendeurs passées surgissant de nos lointains, de ces marines
inondées de blancheur et aux festons de pureté dignes d'un grand peintre ; Le temps d'un éclair, d'une révolution, et c'est l'âme que l'on cherchait qui se révèle aux charmes de l'eau
et de ses appas. De là, comme par enchantement, les vents mélodieux se chargent de la solitude des nuages en multitudes ; légèreté
s'auréolant, l'intervalle d'une absence, de folies et de mirages... L'existence, comme le temps que le regard circonscrit érige en dérivant une
geôle à ciel ouvert, lancinante, envoûtante ... La bourrasque rugit, la mer se déchire et creuse l'ombre chagrine d'une pensée emplie d'écume, de longues traînées. Le grain blanc fuse qui
l'accompagne comme le vol de l'oiseau, battant l'air d'un fouet aux lanières invisibles. Son étreinte se disperse comme tous les mots d'un
vertige qui vainement tente quelque chose et s'apaise. La mer est d'encre. Elle décrit et délinée l'horizon des îlots dans leurs linéaments déformés, vaincus. L'horizon : illusion qui recule, sempiternelle désillusion, insaisissable souhait !... Immense marée, sans limites qui eût barrée la voie solennelle, voilà que tu m'emportes ! Et d'écouter un moment ton message, si clair, si puissant :
_ Que ne serais-tu pas, toi, l'homme, ce conquérant qui entraves les flancs de la terre, osant défier l'horizon et ses messagères, qui t'empares de son regard sur l'océan du vide, d'un silence que tu ne comprends pas ? Les glaces fondent par les
brasiers d'une terre que tu réchauffes et sans frein, voilà que tu bouscules les rivages d'une noce par myriades millénaire ! ...
L'âge de la mer est un sursis, lente métamorphose du temps et de l'espace, frontispice sidéral du grand livre d'une planète au pouls
que des lois insignes scandent par le flux des marées et la ronde des astres. Ainsi, quêtant le message des tempêtes, j'allais sans autre route
qu'une seule pensée m'en remettre à l'aube du temps, le temps d'une nuit d'encre, écrire et souligner les mots sans fin, avides d'éternité !
Demain sera au calme du zéphyr, à la quiétude des ciels qui vont par deux aimer la Terre, à la souvenance bercée, au chant perdu des
baleines qui nous revient du fond du coeur ! Ô Exaltation, humeur divine aux immenses élans d'un choeur qui entonne depuis l'infini les
accords libres de l'Unique, de l'amour en leur point de rencontre : la vie, quelle qu'elle soit !
Et si tu demeures, plus fréquente et plus forte, dévastatrice par tes colères, il n'en serait point sans digne et noble dessein ! Aux sacres des
éléments, le monde découvre peut-être le vaisseau sur lequel il vogue et avec lequel il devra, avec toi, enfin et toujours composer
...
Ce texte est en cours d'écriture
1 ère Ecriture le 56.23.3014
MARIN