CLAUDE LEVI-STRAUSS - EXTRAITS
A l'Extrait éminent qui suit, pardonnez-moi, mon âme est à ces vers de Léopold Sedar SENGHOR
" Ce sont les regards des vierges couleur d'ailleurs
L'indolence dolente des crépuscules
C'est la savane pleurant au clair de lune
Je dis le long solo d'une longue mélopée ..."
LE DOUBLE SENS DU PROGRÈS
( ... ) A cet égard, les institutions internationales ont devant elles une tâche immense, et elles portent de lourdes responsabilités. Les unes et les autres sont plus complexes qu'on ne pense. Car la mission des institutions internationales est double ; elle consiste pour une part dans une liquidation, et pour une autre part dans un éveil. Elles doivent d'abord assister l'humanité, et rendre aussi peu douloureuse et dangereuse que possible la résorption de ces diversités mortes, résidus sans valeur de modes de collaboration dont la présence de l'état de vestiges putréfiés constitue un risque permanent d'infection pour le corps international. Elles doivent élaguer, amputer s'il est besoin, et faciliter la naissance d'autres formes d'adaptation.
Mais, en même temps, elles doivent être passionnément attentives au fait que, pour posséder la même valeur fonctionnelle que les précédents, ces nouveaux modes ne peuvent les reproduire, ou être conçus sur le même modèle, sans se réduire à des solutions de plus en plus insipides et finalement impuissantes. Il faut qu'elles sachent, au contraire, que l'humanité est riche de possibilités imprévues dont chacune, quand elle apparaîtra, frappera toujours les hommes de stupeur ; que le progrès n'est pas fait à l'image confortable de cette " similitude améliorée " où nous cherchons un paresseux repos, mais qu'il nous est plein d'aventures, de ruptures et de scandales. L'humanité est constamment aux prises avec deux processus contradictoires dont l'un tend à instaurer l'unification, tandis que l'autre vise à maintenir ou à rétablir la diversification. La position de chaque époque ou de chaque culture dans le système, l'orientation selon laquelle elle s'y trouve engagée sont telles qu'un seul des deux processus lui paraît avoir un sens, l'autre semblant être la négation du premier. Mais dire, comme on pourrait y être enclin, que l'humanité se défait en même temps qu'elle se fait , procéderait encore d'une vision incomplète. Car, sur deux plans et à deux niveaux opposés, il s'agit bien de deux manières différentes de se faire.
La nécessité de préserver la diversité des cultures dans un monde menacé par la monotonie et l'uniformité n'a certes pas échappé aux institutions internationales. Elles comprennent aussi qu'il ne suffira pas, pour atteindre ce but, de choyer les traditions locales et d'accorder un répit aux temps révolus. C'est le fait de la diversité qui doit être sauvé, non le contenu historique que chaque époque lui a donné et qu'aucune ne saurait perpétuer au-delà d'elle-même. Il faut donc écouter le blé qui lève, encourager les potentialités secrètes, éveiller toutes les vocations à vivre ensemble que l'histoire tient en réserve ; il faut être prêt à envisager sans surprise, sans répugnance et sans révolte ce que toutes ces nouvelles formes sociales, d'expression ne pourront manquer d'offrir d'inusité. La tolérance n'est pas une position contemplative, dispensant les indulgences à ceux qui fut ou ce qui est. C'est une attitude dynamique, qui consiste à prévoir, à comprendre et à promouvoir ce qui veut être. La diversité des cultures humaines est derrière nous, autour de nous et devant nous. La seule exigence que nous puissions faire valoir à son endroit ( créatrice pour chaque individu des devoirs correspondants ) est qu'elle se réalise sous des formes dont chacune soit une contribution à la plus grande générosité des autres.
Claude LEVI-STRAUSS
Race et Histoire
Édition : Folio Essais
Pages 83 à 85
Démonstration du Peintre OUZIN,
Sénégalais, sur le lieu du Festival Kulturarte 2014 destiné au Sénégal.
Acrylique sur Toile - Couteau et doigts, Techniques mixtes ! Ivresses d'un Passé aux Racines intarissables, projection de l'Art dans l'Avenir, Diversité éclairée ? Où en serait-on vraiment ... Il y aura toujours des limites à imputer à la Culture Occidentale, à la Pensée Unique, quelle que soit l'éminence de celle ou de celui qui en développe les axes, les aspects dialectiques, les socles d'une réalité encore bien plus complexe ! Un zeste de sagesse, un brin d'intuition, beaucoup d'amour et de fraternité combleraient-ils ces espaces, ces pans de la Pensée Universelle, qui auraient été bien trop longtemps évincés, inconcevables, à tort !
Le Peintre OUZIN nous aura un moment convié au temps des rêves, de la Terre-Mère, de la Lumière, couchant çà et là, sur la toile les plis déliés de l'aube, le manteau rougeoyant du couchant, l'ombre et la silhouette des Ancêtres à jamais ancrées dans la mémoire et le conte. Je le regardais, fasciné, empli d'une profonde déférence face aux gestes ouvrageant et honorant l'esquisse de l'éternité ! Merci, Monsieur, Peintre, OUZIN ARTIST PERFORMER, ce fut un voyage intense et riche en émotions ...
MILEMA-ARTE
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acrylique / Toile
OUZIN