VENEZ AVEC MOI !...
A Ballata di Mattea
Venez avec moi ! je vous emmène, allons ceindre les cimes d'un rêve comblant la mer. La pleine lune, aux premières heures du jour, effleure les crêtes, diaphane, tellement légère ; transparences féeriques qui s'attardent au Levant. Voici contés un pèlerinage, une rencontre où les mots du regard sont assises et pierres mordorées...
Depuis les plis de l'aube que la brise éploie, la profonde vallée et ses ravins élèvent un plain chant d'eau et de roche roulée. Vers l'ubac, le soleil matinal joue à se cacher entre les arêtes et les pics de la montagne, obombrant leurs tombants vertigineux, le cirque des moraines millénaires. L'heure serait aux livrées de la mélancolie et de la misère, aux seuls rapaces auréolant sans fin le dessein indu d'un hameau perdu, oublié, jadis profondément reclus comme toute pénitence, incompréhensiblement ; non, il n'en est rien ! Lentement, une à une, chaumines et masures, maisons de pierres, enclos et ateliers divers se révèlent au jour et à l'azur, comme au premier matin de l'Eden. A l'entour, la haute futaie chante toujours le labeur choyé d'antan, ouvrageant les rives lointaines des futurs vaisseaux et de leurs hautes mâtures. Les hommes y auraient bâti le petit bourg pour tirer de la forêt la quintessence dévolue à la navigation à voile.
Des montagnes de rocs, de ces dévalements aux figements de l'incommensurable, ils auront extrait chaque pierre, en auront taillé le volume pour des chaînages d'angle parfaits, à l'épreuve des siècles. Quant à l'adret aux douceurs, aux senteurs perpétuelles
du printemps, dès les premiers rayons du soleil et du commun accord des hommes, il aura été pensé, disposé, apprivoisé à l'aune des barres rocheuses, enclin à la pente, appendu au cours du temps, voué peut-être et déjà à la chute ?... Ici, On se déplace lentement, au pas mesuré du pèlerin, des bergers, entre fleurs et vergers éternels. Les dalles scellées dans la terre, polies et lustrées, sont invites et dolentes servitudes, à chaque pas qui entonnent l'usage, l'ouvrage, la vie tout simplement juchée sur toutes les petites terrasses soigneusement aménagées. Elles habillent chemins et sentes, courent à travers les maisons et serpentent autour des vieux fours et des granges, vers la source.
Un hameau, un petit bourg, un village, qu'importe le mot quand le regard plonge un instant et se fonde dans les rimes d'une traversée au coeur de la terre emplie de silence, ces lieux où la souvenance se fait familière, recueillement, étrange compassion pour
celles et ceux qui sans le savoir, sans le vouloir, allaient perdre le souffle et la foi. Des hommes, des pères auront été ravis le temps d'un cauchemar, de la Grande Guerre, pour vivre l'horreur des tranchées ; ils ont confié très loin, à l'éternité, l'ultime pensée, un merveilleux foyer, le visage et le sourire radieux d'une femme, d'un enfant, là-bas, vers la terre lumineuse, aux essences impérissables des libertés et des racines souveraines.
On ne revient pas le même de cette immersion dans les arcanes de l'oubli et de la douleur. L'abandon est une croix chancelante dont un fil de fer noue les bras, étouffe. Le tumulus que le sanglier foule chaque nuit et c'est toute la misère du monde qui s'abat comme l'écho de l'enfer tonnant, tout proche...
Je me suis agenouillé ; d'un revers de main, recueilli, pour ramener un peu de terre essuyer l'empreinte du silence d'une larme trop sèche, de celles qui étranglent et que l'on retient au bord de la révolte et du chagrin, le coeur meurtri de l'incompréhension !... " Croix de bois, croix de fer, si je mens, j'irai en enfer " ? ... Aux Enfants de la Terre, partout, qui vécurent l'exil et la géhenne, si loin du foyer, arrachés à la VÉRITÉ .
Milema-Arte publiera un Album, voué à cet Intervalle, à cette parenthèse dont les pierres et les charpentes portent encore les stigmates d'un destin tragique et pathétique ; vous serez informés par Lien de la mise en ligne de cet espace. Nous tiendrons " secrets " les lieux ; simple déférence et respect pour les descendants d'une Histoire qui les aura meurtris, profondément meurtris, jusqu' à en perdre le chant joyeux et prodigue des racines.
Et pourtant l'eau, la lumière, la douceur et les senteurs emplissent le jour et la nuit de joyaux et de rêves, un peu plus près du ciel et des étoiles. Le temps s'accroche comme il s'append aux cimes dilacérées de l'espérance et de l'amour rompus à la guerre. Les saisons, aux constellations qui s'accordent, s'invitent pourtant et toujours aux vantaux de la terre que les vents font hurler et crier, pendant les longues nuits de la solitude...
MILEMA_ARTE - 1 ère Eciture, des confins de l'oubli, de la solitude - En cours ; texte II