LADISLAS HODASSIEVITCH !...
Ce Texte aux pourfendeurs des Animaux ; à celles et à ceux par trop aisés en amitié, à la désertion prompte et radicale, pour leur compte et pour solde de tout conte ! A celles et ceux qui toisent l'animal en le jugeant : être inférieur, bête, pauvre en Esprit, un zeste d'intelligence piètrement consenti ... A celles et ceux, qui à l'instar des hommes pensent qu'il est de justes morts et d'autres non, aunant l'existence, la vie, l'essence et le respect à travers les prismes étroits de la suffisance, de la prétention, de la dominance ! A celles et à ceux qui sur leurs cheminées arborent la défense de l'éléphant, le buste de la laie, l'épervier empaillé, la descente de lit en peau de Cougar depuis disparu de la terre, le vison pour seul port de rêve social. A celles et à ceux qui traversent l'histoire des hommes comme on lit une BD, oubliant les forfaitures commises au nom de la Rey-publique indifférente et des Lumières fascinantes de la déraison, qui se taisent face aux crimes et à l'assassinat de milliers d'enfants tout autant qu' à l'éviction sanglante et meurtrières de milliers d'espèces animales, portant si haut le fumet de leur sang impur.
A cette gente bien assurée, je leur dis, comme le suggérait Lanza Del Vasto : Recommence devant moi l'animal que tu écrases, l'enfant que tu broies à grand coups d'indifférence et de partialité ! A celles et à ceux, qui dans les arènes des cirques infâmes portent le Fils de l'Homme afin qu'il s'épanche à jamais en opprobres, dans le sang et la poussière des combats gagnés d'avance, sans autre cause que l'atavisme assouvi ! A celles et à ceux qui s'emmerdent, dans le vrai sens du terme, en tergiversant pour une Crêche de Noël illicite, contre le SDF, dans les lieux publics, avec l'âne et le boeuf honnis des holocaustes archaïques mais bien présents sur la bonne table, chus des autels :
MAIS CE TEXTE, POUR NOTRE COUSIN
LE SINGE
Il faisait chaud. Les forêts brûlaient. Le temps
Se traînait avec ennui et dégoût. Dans une villa voisine,
Un coq criait. Je suis sorti dans la rue.
Là, adossé à la haie, sur un banc,
Un Serbe errant, somnolait, maigre et noir.
Une lourde croix d'argent pendait
Sur sa poitrine à motié nue où roulaient
Des gouttes de sueur. Plus haut, sur la haie,
Un singe en jupe rouge était assis
Et mâchait goûlument les feuilles poussièreuses
D'un lilas. Un collier de cuir,
Qu'une lourde chaîne tirait vers le bas,
Lui serrait la gorge. Le Serbe, m'ayant entendu,
Reprit connaissance, essuya sa sueur, et me pria
De lui donner à boire. Mais après avoir goûté l'eau
Pour voir si elle n'était point trop fraîche, il mit le bol
Sur le banc, et le singe, aussitôt,
En plongeant ses doigts dans l'eau,
Saisit le bol à pleines mains.
Il buvait debout sur ses pattes de derrière,
En s'appuyant au banc avec ses coudes.
Son menton touchait presque le banc.
Son dos se cambrait plus haut que le crâne
Qui commençait d'être chauve. C'est ainsi qu'autrefois
Darius sans doute était accroupi, s'abreuvant
A quelque flaque sur la route, le jour où il fuyait
Devant la puissante phalange d'Alexandre.
Ayant bu toute l'eau, le singe repoussa
Le bol et se redressa...
Oublierais-je jamais cet instant ?
Il m'avait tendu sa main noire et calleuse,
Encore fraîche d'humidité ...
J'ai serré la main des plus belles femmes, des poètes,
Des dirigeants de peuples, aucune main à mes yeux
N'a jamais détenu une telle noblesse de contours !
Aucune autre main
N'a jamais touché la mienne aussi fraternellement !
Et, Dieu le sait, personne jamais n'a regardé
Dans mes yeux avec autant de sagesse et de profondeur,
En vérité, jusqu'au fond de mon âme.
Cette bête mendiante a ranimé dans mon coeur
Les traditions les plus voluptueuses de l'antiquité profonde.
En cet instant, dans sa plénitude, ma vie m'est apparue,
Et il me semblait qu'un choeur d'astres et de vagues marines,
De sphères et de vents, avait dans mes oreilles fait irruption,
Avec une musique d'orgue, tonnant comme autrefois,
Souvenir d'autres jours inoubliables.
Le Serbe s'en alla, faisant sonner son tambourin.
Assis sur son épaule gauche,
Le singe se balançait en cadence,
Tel un maharadja hindou sur un éléphant.
Un énorme soleil cramoisi, sans rayon,
Etait suspendu dans une fumée opaline ; une ardeur silencieuse
Se déversait sur le blé étiolé.
Ce jour-là, la guerre fut déclarée.
§
Ladislas HODASSIEVITCH
Par la Voie de la Graine