LOUIS ARAGON / LES POETES ...!
LES POETES - Chanté par JEAN FERRAT -
et
D'AUTRES QUINTILS
Tout aussi merveilleux, magnifiques ! Une poésie à la fois profonde et si touchante, qui nous va droit au coeur, comme incompréhensiblement ... Cette impression étrange de recevoir un message, une pensée que l'on aurait toujours partagés, d'où l'on renaît, à chaque fois ; peut - être aussi parce qu'elle est une partition d'un chant immémorial : la Poésie, qui sourd, qui bout, en chacun d'entre nous, des images comme l'envers du décor ou ces notes sibyllines de musique qui nous emportent au-delà de tout. Les contours et les linéaments d'un univers où l'aube devine, espère, chante et écrit les promesses du ciel et du soleil, des yeux aussi et parfois qui nous sourient. Aragon, vertigineux, si près de l'instant, humble et à la fois prégnant, essentiel, comme un vaste regard posé sur le Monde qu'il aurait souhaité tel un plain chant d'étoiles, rejoignant les visions Hölderlin, les harmonies Machado, le ciel Verlaine, les cantiques Lorca, ces baisers Elsa ! Serions ces Fous d'Aragon dès lors qu'ondoie le champ des mots aux épis gagnant l'éternel d'un pain à nul autre pareil, d'un amour que la beauté, toujours, finit par délinéer, en l'instant de la grande Lumière ...
Un jour, un jour, Jean FERRAT chanta : les POETES ! Jamais Chant, Musique et Paroles ne se fussent autant aimés ! Ce champ Appolinaire pour aimer plus encore Lou, en mourant plus au poème, à l'improbable, qu'à la guerre ! Je découvrais alors un Poète-Chanteur, et, bien sûr, Celui qui aussi le guida, Louis ARAGON ... Depuis, je ne laisse jamais de lire et de relire, de songer à la poésie, à la " dénégation de l'instant " . Et d'avoir été un moment de ce Siècle Aragon, Pink Floyd, toujours un peu plus près du Ciel, en dépit de toutes les croyances, au seuil du frisson baigné de larmes, comme une fleur jetée
!
Pour Vous Lectrices et Lecteurs, ces strophes, l'âme aussi des Poètes disparus dont le chant embrase encore et toujours l'horizon, qu'il fût de l'Orient, du Ponant, depuis demain, déjà hier. Pour Vous, ce cadeau que je me fais, en ces heures sombres, de tant douloir, et qui n'en peuvent plus de saigner, fussions-nous à Noël
!
MILEMA_ARTE
Dans l'ordre aussi, quelques strophes, autres que celles de l'interprétation et des choix du Poète et du chanteur, dans la chanson ci-dessus présentée en illustration.
CHANTE
Il y a ce soir dans le ciel
Veiné d'encre et de rose Nil
Ce ciel vanné ce ciel de miel
Ce ciel d'hiver et de vinyle
Des vols de vanneaux qui le niellent
Ou si c'étaient que l'on devine
Des cigognes qui s'en reviennent
De quelles régions divines
D'ans l'air bleu comme du Gershwin
Ou peut-être aussi bien des cygnes
Qui saignent dans le crépuscule
La lune blonde leur fait signe
Là-bas où les bateaux basculent
Et la première étoile cligne
Mais bah s'il y a ciel et plumes
Qu'importe l'aile alors ouverte
Qui bat le chant d'ombre ou s'allument
Au velours d'une avoine verte
Les étincelles de l'enclume
Heure douce aux oiseaux légère
Heure aux amants tendre et troublante
Jour étrange où je rode et j'erre
Comme une chanson triste et lente
Sur les lèvres d'une étrangère
Chimères canards ou mouettes
Dites-moi ces folles chandelles
Vous les voyez mieux d'où vous êtes
Au-delà de votre champ d'ailes
Sont-ce les yeux d'or des poètes
Firmament de métamorphoses
Où la raison se dépayse
La lumière se décompose
Omar Khayam Saadi Hafiz
Ô constellation des roses
S'il y a ciel il y a sable
Et ces yeux aux yeux qui s'éveillent
Sont-ce des chanteurs ineffables
Rimeurs de mots et de merveilles
Dans ma mémoire ineffaçables
Ciel sur le siècle et sur les armes
Au-dessus du jardin des morts
Ciel sur le saule et sur le charme
Et voici l'étoile Valmore
S'il y a ciel c'est pour les larmes
Les ténèbres sont les tambours
Des crucifixions humaines
Le poème y monte à rebours
D'Icare où la douleur le mène
Parmi les célestes labours
§
A SUIVRE
Louis ARAGON
Les Poètes
Prologue
Pages 7 à 9
Édition : Poésie / Gallimard