LÉTAL DÉCOURS !...
Depuis l'absolu, abyssal ! de la réclusion et de l'océan sensible. A ce létal décours qui lentement nous aura rejoints : une pensée arrimée à la nuit, spleenétique, éminemment insomniaque... Parce que le temps aura à jamais méta-morphosé le visage de tes vingt ans sous mes yeux ; le silence d'un regard cave sème les stigmates d'un mal dont je vis depuis trop longtemps les affres de l'intranquilité.
Sitôt tu manquas aux chants hyalins
des oiseaux Mon grand ami que je rejoins
sur les accords les paroles d'une chanson
qui nous rassemblent et nous emportent
à l'orée de nos vingt ans dont je rappelle
à l'excellence de l' âge la fleur de ta superbe
frère qui augurait d'une vie radieuse
Nous aurions évoqué de funestes horizons
et tard dans la nuit l'affliction nous hantait
Ô visages inclinations dilacérées de la chute
Pourquoi ce mal de terre nous frappait-il si fort
L'absurde heurtait un insondable pathos
forçant à l'acmé de la désespérance nos larmes
Encore et toujours l'exode l' exil brutal
depuis Palmyre l'Idumée les terres promises
là-bas où les camps de concentration se redressent
au coeur maté de Falistin déchue et meurtrie
Et nous pleurions le silence des prophètes
L'aube et le couchant rougeoient mais si loin
des flammes aux escarboucles qui jaillissaient
dans les étoiles innombrables d'un feu à vivre
au bivouac tout là-haut avec un certain Pierre
l'abbé au grand coeur ou dans la petite chapelle
du Lauzet des Ecrins quand il laissait la guitare
et l'harmonica jouer et scander la messe attendue
Le chant de l'Alp ravissait nos ferventes prières
tant de messages confiés au Ciel généreux et bon
Ce poème à poursuivre libre te va si bien Michel
En chemin qui t'accompagne là où tu reposes
face aux montagnes Nos rêves et nos espérances
jouxtaient Terre des Hommes petit Prince
le chamois apprivoisé l'edelweiss qui se cachait
Je garde dans ma souvenance l'éclat de ton sourire
ce regard si profond et si jeune qu'il bût tes vingt ans
Avant que de sombrer dans les réclusions dont je suis
rendu en ces jours enténébrés préludant à ta destinée
ce vol de Nuit au long cours dont on ne revient
affirme-t-on jamais
Aucun parolier nul poète n'eût chanté de ballade
qui te ressemblât autant et dont je fis miens
désormais le sens et le credo en m'accôtant
toutes les fois à l'amitié lorsque se devine
l'occultation fiable du phare aux bontés de l'amer
de l'autre côté du monde dansent les reflets
des ombres des cavernes dont on louait le mythe
fondamental et qui illuminait tant d'horizons
Improbable issue que l'existence lorsque l'on perçoit
sans trembler le bout de la route Et si je frôle
souvent le long sommeil de la mer solitaire
n'est-ce pas aussi et qui sait te rejoindre
en conjurant l'absence du temps qui passe
mon ainé mon ami dont la mémoire tenace
aujourd'hui trace le franc sillage d'une pensée
Une lueur irise les mille vitraux d'une nef étrange
Il n'est plus de meurtrières
ni de citadelles aux vantaux béants qui hurlent
en béeant au mutismes des solitudes démentes
J'offre au vaste azur en canons le tumulte
de ces maux de mots qui nous révèlent
Et comme tu t'en est allé ainsi je vais
les mandant à l'au-delà pour l'éternité
afin qu'ils s'en reviennent toutes les fois apaisés
L'angoisse dévoile ses versants de vérité
innocente et sans âge Vague à l'âme
qui ne serait jamais sereine mais repère
repaire abritant trop de justes tourments
âme que brise le ressac contre les rochers
Puissent les desseins de l'écriture de la toile
d'une partition les mélodies de notre voyage
jouées du bout des doigts précipiter le décours
d'un mal aux mondes forcer la compassion
L'amour prodigue ne sert-il pas la tolérance
Et de ne plus redouter le décompte des lunaisons
comme on dénonce tout sinistre moratoire
qui nous serait inexorablement infligé
fatalement mesuré
Ainsi du compagnon de l'homme passager
auquel la fidélité et la vérité du lien s'arriment
comme le clou laisse sur le poteau une profonde trace
Le souffle empreint toujours le voile de lin
la voix et le verbe de tous les coeurs suppliciés
demeurent comme ils planent sur un mystère
MARIN - Eau-delà - Dialogue intemporel