MESSAGE FLEUVE !...
DALI / LE VISAGE DE LA GUERRE
POURQUOI
ICI
MAINTENANT
aux grands absents
( Texte en cours de ré-écriture : douloureuse ébauche, nocturne pensée bordée de chargrin )
Une destinée
par trop vraie plus humaine
qu'improbable
n'est déjà plus
que sombre histoire
à toujours refermée
Les foudres des ciels
impitoyables de raison
ravivent depuis la légende
les siècles à venir en noyant
l'horizon
de brumes sordides
et de cendres
fumantes
Ami n'oublie pas que la source
délivre
à qui vient à sa bouche
à l'aube
en cueillir le souffle pur
Un chant d'amitié
au combat rapproche
la section 318 et l'ennemi
par le coeur du désert les révèle
partisans
de Terre des Hommes
Mais la guerre fauche
la vérité aux heures
de la renaissance
sur le front de l'armée
Qui l'eût cru
Le parjure ou l'ingrat
loue la Libération
lorsque par surcroît
il insulte
l'unique survivant
d'une fratrie d'infortune
Un jour de commémoration
sacrant
le défilé des victoires
irrémédiablement endeuillées
Ainsi de la voix du sang
pour la chair à canon
les funestes menées
des nations
par-delà la foi des hommes bons
Un soldat égaré songe
hagard errant sur le pavé
criblé d'amis meurtris
le lien brisé
Sur l' océan amer
qui désormais
l'étreint
il tait il cache
en son âme
le lourd sanglot du chagrin
Son regard l'absente
et fend le coeur
à qui et à demeure
n'est plus
indifférent
au sang versé inutilement
en suivant aveugle
le compagnon invétéré
de la barbarie
Pourquoi ici maintenant
la guerre éclate
déchaîne -t- elle ses remous
ses foyers décadents et si nombreux
a t-elle là-bas initié
un destin
fraternel une rencontre
pour obscurcir
l'ébauche de la paix
Triste sort
tant de fois vécu
que le vol de l'aigle
à croix grimée
augure au-dessus des mornes vallées
du champs d'horreurs
enténèbrant la mémoire et l'espoir
de ses ailes d'acier
aux rémiges de feu
Jean poète-chanteur
ils sont encore
vingt et cent
des milliers à corps
et à cri traversant
la nuit noire pulvérulente
et le brouillard épais
des sables brûlants
dans les sous-sols bétonnés
des villes surpeuplées
qui s'effondrent
de si haut ils fuient
les travées les croisées
de l'extermination
endiablée
que les petites victimes
ne laissent plus
de redouter la nuit
sans faim possible
en criant en silence
dans un seul regard atterré
Un vague souvenir
flotte
naufragé sur les grèves
froides de l'exil
l'enfant
par les vagues
ramené
gît sans vit
en-tonnant
solennel ressac
la mort de Dieu
le verdict
et la sentence létale
de l'homme-roi
prononcés
à ses convenances immutables
qui dilacèrent l'innocence
le bonheur à s'aimer
uniment sans frein
Je pense à la faucheuse
hideuse trilogie
dont le râle suinte
d'une couche infâme
à l'autre
encore plus bas
déversant la pestilence des tyrans
sur le masque spectral
de la mort dévisagée
des matricules sans noms
vêtus de haillons
trop larges et barrés
comme des codes damnés
Ô reflets de l'Histoire
les mégalomanes
rouvrent et infligent
de nouveaux camps
aux déshérités aux forcenés
malgré eux
Pourquoi ici maintenant
le silence de la guerre
incise le front effaré
du poilu de l'enfant-soldat
du Juif du Tzigane
qu'un adieu lie
à la tombe de l'inconnue
le chiffon rouge de la liberté
pour baillon et à la main le glaive
Le tumulte le chaos
grondent aux tréfonds
d'une pensée cave
inondée de peines
Je pleure ces femmes
comme je prie pour ces hommes
tant d'enfants fauchés
par la géhenne du feu
et de l'eau qui les jettent
êtres sur la rive en sursis
parvenus
au seuil de l'opulence
en cette ère où les morts
vont triés au-delà de tout
jugés ignorés de si haut
impies ou terroristes
de l'autre côté du ciel
à l'envers d'un monde
qui fuit frénétique et vil
Pourquoi ici maintenant
l'effroi la torture
les contorsions de la misère
lorsque les autocrates
pavoisent et pavanent
en rougissant le parvis
de l'aisance immuable
avec force armes
et consciences vendues
au prix de l'or rubicond
chamarré ou jaspé de flots
de sang à jamais impur
l'argent n'a pas d'odeur
qui comble sur fonts
dorés outre-tombe
l'univers bafoué de Guernica
tous les Tournesols sanguinolents
et leurs marchés juteux
Pourquoi ici maintenant
déchoir comment valoir
sans l'ombre d'un doute
emporté par la foule
impuissant
lorsque le sabre à la main
en guise de présents
technocrates et satyres
de haute volée
monnaient et pactisent
leurs armes de destruction
massives
comme ils parfont
le protocole
et le cérémonial
préludant aux alliances
sacrilèges
qui ordonnent et sacre
l'échec du verbe penser
Frères nous étions cinq
que le désert guidait
âmes égarées si proches
et si fragiles
que la guerre
parfois dressait
opposait
en voulant trop obéir
Quand naissaient en nous
l'espoir de la fin
aux suavités inespérées
de l'alliance de la fraternité
un sourire eût alors
la force d'aimer
l'énnemi
si loin de la foule
et des ordres plus que parfaits
Mais la guerre
rouvre ses oubliettes
une nuit aux étoiles sanglantes
à l'orée de la délivrance
comme pour engendrer dans l'essaim
un cauchemar né de l'Hadés
Alors l'humanité toute entière
les assassine
un éclair une lumière intense
le trou noir et puis
le silence de l'amer
révélant ces tombants
d'où l'on ne revient pas
du moins le même
quand la chance
par la foi sourit
une seule et dernière fois
Pourquoi ici maintenant
derrière les murs
des lamentations
ces champs de ruines
à nouveau le ghetto
et au-delà des frontières
la plainte
un plain-chant
s'élève
complainte prière
pierres jetées
au-delà des mots
déchirant ce crève-coeur
L'infini ou l'éternel
la dolente liturgie
le Temple les Écritures
trois fois souillés
et l'enfant criblé
sur le poteau
de supplice
les bras en croix
aux pieds de Sion
demande face contre Ciel
mon Dieu
et aux portes de Jérusalem
Pourquoi ici
maintenant
à toujours
le sang et les ordures
Je suis las
d'hier ou de demain
de ce champ d'étoiles
souillé
de ce croissant de lune
qui verse une larme
sur le monde
Je suis
l'affligé des tranchées abreuvées de sang
et les étendards tonitruants
aux oriflammes aiguisés
ne tracent plus dans le ciel
que la désespérance
d'un aveu
d'impuissance
l'échec de la sagesse
laissant leurs paraphes sanglants
aux cauchemars de demain
Je suis Federico
accord sanglot
d'une guitare assassinée
qui couve un souffle de liberté
disséminé par les fosses
communes des diktats
j'entends le glas
qui sonne et déjà
une balle
m'enlève et me ramène
encore plus loin
des terres d'Espagne d'Antonio
pourquoi ici
maintenant
de l'autre côté du monde
où l'aube saigne
aurais-je croisé
Je meurs au poème
qu'étouffe Char
au bord d'un cri
un jour
par le maquis martyrisé
Je suis à nouveau
balbutiement
dans les bras
d'Elsa ou de Sophia
où pleurer
un mal aux mondes
dont l'improbable décours
de la Peste et de l'Absurde
frappe la Providence
enclavée
les philosophies de l'histoire
en vain arrachées
à l'obscurantisme
Je meurs à la lettre
d'un poilu
à ces poignantes stances à Lou
au jeune dessein
de l'exilé qui se jette
et se réfugie
corps et âme dans le
ventre de la mer trahie
probable adieu
avant que d'échouer
d'entre les flots
sur les rives de la chance
ou au coeur de l'amour
si près de Mahmoud pour Gaza
Filastin bafouée et déchue
Incompréhensiblement
condamné j'arrive
je reviens pourquoi
ici et maintenant
hier et demain
réfugié sur la terre des hommes
un petit renard dans les bras
le front prosterné
aux pieds des Citadelles d'or
Voilà que je tré-passe et n'oublie pas
les forfaits des rois
tous les suicidés et les humbles
ces masses qui élisent
leurs tyrans en ignorant
Gibran le poète
des hauteurs merveilleuses de la Bekka
§
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