FESTIVAL NAUTIC & MUSIC / BUNIFAZZIU ...
Dans le mot Rencontre, il y a toute l'énergie des mondes en sommeil ; accents d'infini et d'éternité ; le Pacifique, l'Indien, l'immense Atlantique, depuis Thétis, convergent !... C'est là le souverain dessein des Îles qui trans-volent très haut et se fait appel
Marin
Ô Champ des Étoiles ...
Navigatrices ( eurs ) du Site, Publics, bonjour !
Surtout, prenez le temps de lire ces pages... Non pour appréhender son auteur mais afin de découvrir un événement culturel qui devient chaque année incontournable et plus fort, d'une qualité artistique majeure.
Autour de la " Music " libre et du Monde de la mer, un " Marin à terre ", humblement, tente ici de vous relater ces jours et leurs nuits passés au sein d'une Cité sans âge, juchée sur un bras de terre, ceinte par l'azur, comme une icône, où le temps grave, imprègne sur le parchemin des époques primaires, entre les strates de craies et le tavertin, l'éclatante et pérennelle blancheur de la Fraternité, de la Liberté.
Au loin, comme un mirage que u Levantu, u Scaroccu emportent, l'Univers prodigue et unique de la Diversité, l'éclat des Différences, la majesté de l'esprit immensurable et inextinguible d'un mot magique venant d'en Haut :
RENCONTRES
L'Ensemble remarquable et prometteur : DOPU CENA - Emotion et souvenir ! Vers les lumières des Langues minoritaires, au-delà aussi de la Musique : le chant, l'espérance. A ringrazià vi
Et s'il en était que de cela, il eût alors suffit à combler notre coeur, nos attentes d'un soir ! Mais des Femmes, des Hommes, Artistes de surcroît, n'en sont pas restés là, ouvrageant depuis maintenant quatre ans à la mise en place de ce très beau Festival dérivant haut en saison et battant son plein pendant plus d'une semaine : un exploit à la hauteur d'un Cap redouté : Pertusatu, d'un Phare aux pupilles palpitantes pointées vers les Mondes. On y bâtit là, ensemble, lentement, profondément l'assise de la Culture afin que chaque jour, toutes les soirées et les nuits de l'automne sillonnent vers le Grand Sud, en un point unique. Au terme d'un seul et même vol, des ailes frémissantes de la création, un pas de géant est franchi vers l'incréé qu'il nous faut découvrir, indéfiniment, aux confins de l'imaginaire, des songes perpétuels comme ces vagues qui nous habitent et nous emportent ...
Le concept d'une telle manifestation est au départ déjà porteur, éminemment riche et surprenant.
Un port accueillant, une vraie thébaïde pour le Marin, le pèlerin, le voyageur ou l'aventurier, l'Insulaire.
Le Grand Sud d'une île à part se révèle comme un vaste ressaut au-dessus de la
Grande bleue où les demeures témoignent non d'un défi aux siècles mais d'un profond recueillement porté vers l'Azur... messages trans-volant en ces actes immodérés et passionnels des Marins épris de mer et du Large. Cet azur sans limite que les horizons confondent et harmonisent et qui, en ces jours de fêtes, se font invites irrépressibles à migrer à bord des Choeurs élevés en Canons, le Chant, la Polyphonie des hommes et des vagues emplis de vents ultramarins, ultramontins.
Sur fonds de départ, d'éternel retour, la valse des voiliers dure trois jours et deux nuits, emmenée par la respiration des îles et des mers aux noms enchanteurs. Ils doublent les caps mythiques - Capicorsu et Pertusatu, des pointes non moins redoutées, suivant le sens de la volonté générale ; ainsi en a décidé le vote des chefs de bord, autour d'une table où il fait bon sabler " l' Apa " !...
Une épreuve que l'on veut ardue, initiatique peut-être ; en découdre à la voile autour d'un parcours hérissé d'embûches, prompt à révéler les splendeurs et les mystères d'une Île rebelle comme la pierre dressée et le taffonu qui hululent tout le long des rivages acérés, lors des coups de vents hiémaux. Mais on le sent, le Marin connaît la révolution, l'enjeu et la mise et, au terme de la course, l'oasis qui est là, qui l'attend, à l'abri de toutes les tempêtes et des fortunes de mer.
Il est tant d'artistes qui les reçoivent en chantant le voyage, les lointains, les abyssales rimes et scansions de l'âme que seul la mélodie, le coup de pinceau, le poème sauraient éclairer, illuminer sur le parvis de l'ailleurs, de l'au-delà, de la Rencontre tout simplement et naturellement.
Et les bateaux capent, tossent et roulent et tanguent, les voiles faseillent aux bourrasques ; ils fabulent et symbolisent sur les flots d'autres horizons, jamais sanglants, une
autre histoire, plus belle et attachante, séduisante : celle que l'on aurait tous voulu voir se concrétiser au fil des Siècles, à construire vers l'avenir entre tous les peuples afin
que ces mondes, au diapason du timbre cristallin de la Voix et du Verbe se fassent amitié, amour, respect et tolérance, partage incessants pour la vie, l'existence si précieuses.
Oui, que d'émotions en ces rives de larmes que seule la fraternité reconnaît et love de ses abrupts vertigineux !
Une générosité à fleur de peau, rayonnante comme un sourire, la voie bouleversée et transmuée d'une chanteuse de Gospel, l'envolée magicienne d'un guitariste se dépassant non face au Zénith mais à une assemblée receuillie dans le temple, fils de l'homme, enfant de toutes les couleurs. La Kora, impétueuse, tinte et vibre pareille à la cascade, torrent où des vagues de sons translucides naissent le geste endiablé d'avoir été par trop contenu, ignoré, caché, brimé ...
Et on y danse, on y chante, on pleure ; et le frisson comme la joie franchissent des sommets inégalés.
Les stalles sont combles, le vieux bois chancelant craque et les trancepts se remplissent. Une foule nombreuse, contrastée, tapie et assise à même les dallages usés et polis de l'ancienne église écoute en silence, s'éveille au timbre de la communion, des compositions, presque recueillie.
Un magnifique édifice classé, " désacralisée " pour l'évènemment culturel et les soirées thématiques l'acceuille. Des jeux de lumières ondoient, simulent l'eau sur les voûtes, tout autour et enfin, au-dessus du Choeur, la haute nef recueille et répercute étrangement les échos, les suppliques de l'âme ; l'âme fluant au bout des doigts, des instruments de la pensée tel le Souffle du silence des maux et que seule la diversité, la virtuosité pouvaient imaginer et contenir si durablement.
Une semaine de Festival, mille îlots mélodieux disséminés dans toute la Cité Médiévale, le long des quais, bercés par le clapotis et les percussions familières des gréements en
paix, noyés dans la douceur d'un automne nonchalant. Et ce vent qui fraîchit le soir, illuminant le ciel et leurs étoiles ; on y entrevoit sur la mer comme le reflet de ces contrées éloignées qui du Levant au couchant déclinent déjà l'ode à la vie, l'orbe aux charmes essentiels d'une Traversée flanquée loin de l'absurde et du néant, de la négation. Le Tibet, la Guinée, l'Afrique, les Mondes du voyage que les messagers, d'un commun accord, relient autour de la Voix, avec harmonies. Je voyais, à genoux, se jouer les partitions de la Paix. Et à chaque fois, j'écoutais comme dans un rêve, monter le plain-chant d'une Île, d'une Terre d'Ex-Île aux mille visages des dieux déchus, remontant le long cours des flots et battant aux pieds des falaises le socle et le piédestal de la souveraineté, solennellement. Ces polyphonies, les chants de liesses menés en quadrilles autour du violon, de la mandoline, les choeurs de l'émotion et de la terre ancestrale surgis des craintes de la nuit obscure qu'une force sibylline semble attiser malgré la fuite éperdue d'un âge, d'une époque qu'il nous semble ne plus retenir dans ses inexorables et fatales engeances.
Alors, s'ouvrant vers la mer, au-delà des océans, tel un cygne cinglant vers le chant des étoiles, jouant les musiques des Ciels, des hommes et des femmes de ces Mondes nous ont
conviés à partager ce que le quotidien hélas ! floue chaque jour à nos portes.
Vous me diriez bien que le réel ne saurait être appréhendé qu'au seul prisme de la musique, de l'art et de la Culture ! soit... Mais il est là, tout autour de nous une étendue de
ferment et de levain digne des plus nobles et plus essentielles promesses. On ne fait pas la guerre en musique où alors il eût fallu qu'elle devienne résolument martiale et
meurtrière, sous peine de la dévoyer en défilant au pas de l'oie, de la priver des racines immuables de l'origine, de l'osmose fondamentale régissant tout raports entre l'homme et le monde, à travers les relations initiatiques et existentielles qu'il entretient au-delà de l'habitude, du devoir, des contingences exagérément positivistes.
Ô combien visibles et attachantes ont été ces multiples instants d' harmonies, les choix, les improvisations et les sublimes envolées de ces spectacles, en ces moments consacrés aux Musiques des Mondes. Chaleur, visages rayonnant de joie, au bord de l'intimité d'une scène aux dimensions vraiment et dignement humaines !... Des fusions
inattendues, un " Diu Vi Salvi Regina " époustouflant où la Maestria de la Polyphonie insulaire aura capté l'écho déchirant des contreforts du Tibet et de l'Hymalaya, l'archer du violoniste, un moment maître faisant se lèver les vents de la Liberté ...
Merci à tous ces Artistes qui ouvragent dans la création et la Novation, n'hésitant pas à se grandir des apports et de l'ouverture aux Mondes... Car il faut bien se dire que de
tels événements ne pourraient être considérés à la hauteur des états d'âmes que bien des États fustigent où négligent dans leurs rapports éminemment condescendants aux
Autres et qu'ils cultivent à travers une vision étriquée et intransigeante des Mondes normalisés, superficiels, uniformisés à outrance, hélas !.
La Musique, l'Art, comme l'affirmait André Malraux, cet " Anti-Destin ", purifiant, abondant dolentement, comme une perpétuelle litanie, le coeur et la source, la pensée et
l'imaginaire pacifiques et féconds d'un Verbe qui ne se dit pas mais que l'on ressent, en silence, comme le cri de l'amour, de la douleur, des solitudes, le cri de l'humilité que la
foule dévore...
Vous me direz aussi que les lieux, le Site se prêtent au message et à la voie ... Ces travées, ces vôutes en ogives, les pleins ciels que les rafales et les bourrasques clarifient à
l'infini et que le vol des colombes et des hirondelles de la mer croisent, sillonnent, fertilisent inlassablement...
Ô voix de femmes que les hommes étayent, voix des hommes que les femmes bordent délicatement, avec tant de tendresse, je me reconnais là comme en enfance à travers le
monde que je parcourais déjà tout petit, adolescent, presque adulte... Il me semble être à nouveau bercé, comme sur les flots que les tempêtes blanches m'octroient au plus
haut des cieux... Mon âme touche aux ports lumineux, numineux d'un ailleurs que l'amour scelle en ce pacte majeur de la fidélité, du respect, en toute reconnaissance. Un
point, une rencontre, " Oméga où la Noosphère ", peut-être, Images à la hauteur des voeux l'Univers qu'évoquait le Père Teilhard de Chardin. Le Monde de la Musique à ceci de plus grand et de plus vaste que tout : on y chante la pensée, un seul mot, la parole, le verbe que la main accompagne d'un instrument divin, transcendant ; le verbe mis à nu, à
Capella, dépouillé comme un seul mot de parfum tendre qui tremble, vibre, vacille au commencement de la nuit, jusqu'à l'aube rosée et pâlissante d'émoi. La parole en mélodies, quand les notes sont aussi rimes, rythmes et pulsations que le coeur reconnaît et traduit inexorablement par la danse, le geste, transes aveugles et mûries, fruits revenus du fond de nos âges communs.
Il y a ici un mystère, une reconnaissance implicite, souterraine de l'acquis, de l'inaltérable, un brin de fougère qui chemine pareil à la vague, éternellement recommencée, une énergie qui fonde l'essence de la Mer, l'esprit de la forêt et des montagnes, d'une goutte d'eau qui tinte aux cordes d'une Kora.
Nautic & Music, une Alliance, un heureux mariage où bonté et amitiés convolent aux noces de l'Art, des Polyphonies de l'âme et de la Nature, de la Terre, d'une Terre : l'Île de
Corse.
Ce n'était pas un mirage, une hallucination, mais un songe à ciels ouverts ... Bunifazziu, un instant d'éternité que les hommes, Marins, Poètes, Musiciens côtoyaient en
partageant un Art de vivre merveilleux.
Merci à toutes et à Tous, aux Organisateurs, aux Artistes, au chaleureux accueil d'une Cité inondée d'azur, tellement bleue ; tout autour, les horizons en boules de cristal louant
l'avenir serein du grand chant de la terre et des hommes, vers " Terre des Hommes ". Ah, le Petit Prince et son mouton !
L'An prochain, si tout va bien, rejoignez- les, à Bunifazziu, en la Cité des Falaises ; une bordée dans le temps dont on ne sait plus où regarder, comme en mer, entre sillage et
Croix du Sud, Aldébaran ou la Grande Ours, Orion. Le ciel louange le Gospel des Grands Migrateurs, la Paix, un monde où l'on se tend la main et que le sourire enivre, si loin de la Traîte, de l'esclavage insidieux...
Pour Nautic & Music, succès, longévité, à qui oeuvrent inlassablement pour la vie et la fraternité
AMICIZZIA E FRATIDDANZA
" Marinaru in Tarra "
2ème Ecriture le 22.10.2012
GOSPEL : RACHEL RATSIZAFY , un grand Moment, bouleversant
*** LE FESTIVAL NAUTIC & MUSIC