FESTA DI A NAZIONE CORSA ....
Ô BARBARA FURTUNA
RIFLESSIONE / GHORGHJU D'OTA - A PIEVE D'ATALA -
A l'Hymne de la Corse, toujours sous la Protection de la Vierge Marie - Cunsulta di Corti, le 06 Janvier 1735 -
Mille chapelles disséminées sur toute l'Île nous content une histoire parcourue de vindictes et d'annexions, de convoitises exacerbées... Des croisées en plein-cintres, les
quadri soigneusement ajustés achèvent de crouler au plus profond des maquis ; et des voûtes béantes, des arches vacillant s'élève encore la
supplique à la Vierge protectrice. Immensurable ex-voto de pierre et de bronze aujourd'hui muet, peuplant la mémoire des Pieve envahies des halliers et
des bois chablis. Quelques campaniles auront résisté aux assauts, les absides séculaires auront cédé aux souffles impies des empires et des rois sur fonds de razzias sarrasines.
D'une vallée à l'autre s'épand le long fleuve du temps, vers la mer sont les terribles semonces des marinas confisquées... Des vieilles tours
percées, des mâchicoulis écroulés jusqu'aux villages désertés et à toujours enfouis, en ce 8 Décembre, s'élèvera encore le chant tutélaire de la Corse, une voix
témoigne encore face à l'éternel ... Ainsi, pour que viennent la sérénité, la solennité, la souveraineté, la paix et la justice des hommes de bonne volonté,
reconnaissant, aimant leur Terre de Racines et de Liens, pour que flotte encore a Bandera sur nos éperons rocheux !... Ô Corsica Regina, la mer ne
reconnaît déjà plus ton visage ; que sont devenus tes horizons de clartés que les monstres d'acier bouleversent, toi qui par les siècles réfugiais
habilement les hommes sur les Pughjali et les rassemblaient. Vois, il n'est plus que cités rampantes et de béton, barbelés et enceintes de parpaings, désertification et
solitudes ployant sous le faix et le règne des foules indifférentes, voraces et qui passent, ne s'attardant pas sur l'Histoire tourmentée des
convoitises, des pactes bradés à l'encan !
Quatru Nomi per Dumane
Paghjella di Ponte Novu
Fête de la Nation ! L'Île de Corse fut-elle un jour réellement Nation, Pays, Terre des Hommes et de Liberté ? plus connue comme l'Île, le Territoire au-delà des eaux ! et que la
Mer intronise, inféode sûrement en sourdine, par delà tout propos vains et inutiles ... Qui en eût douté ? qu'il faille encore chanter et
reprendre sur le champ ravagé de Ponte Novu, sur les versants du Niolu, en longeant le Golu, en marquant un arrêt solennel vers Borghu : a
Palatina, a Paghjella di Ponte Novu, Sunate lu Cornu , u Culombu, ou Vogliu scrive u to nome ! Ô Corsica Nostra, Clandestinu, Lettera a Mamma, Lamentu di u
Prighjuneru, Quandi a Terra move, Barbara Furtuna ! Que le rappel des Voix ancestrales ravive en ces années marquées du Riacquistu, dès 1970, notre Terre qui durant des décennies, par-delà les
montagnes, forçait tous les jougs de l'oppression et du martyr, de la soumission, édifiant sans démériter l'hommage à la Stèle Inconnue et au
fleuve rougeoyant de limon humain ...
Voyageur, pèlerin, vacancier, ô ghjenti ! vous qui défilez sans le savoir peut-être, en remontant le Tavignanu, les vallées encaissées de
Castagniccia, là où s'amenuise l'ombre fantomatique de Pedicroce, de Casabianca, d'Alisgiani, Cap'Corsu, les Couvents résonnent encore de
l'écho des Cunsulta et de la Voix rebelle du Père de la Patrie, u Babbu di a Patria, de Sebastianu Costa et tant d'autres illustres légistes face à l'impéritie des royaumes et des princes décadents.
Il ne fallait pas que la jeune République de Corse eût triomphé des arcanes de l'obscurantisme et des perfides alliances prévalant entre Gênes et les traîtres à la Nation !...
C'est le Tumulte des pierres aujourd'hui empêtrées de lierre et des ronçaies qui jamais plus ne seront relevées ! Le Choeur de la Corse, en la Citadelle de Corti, avec son Palazzu Naziunale, qui arborait pourtant et
déjà, bien avant 93 les Droits de l'Homme et du Citoyen, les fondements de la Démocratie moderne et des Institutions. Tant d'avancées et de lumières qui engendreront lentement l'Europe
des Républiques. Une conquête sur les grands courants de la Pensée, avant Rousseau et Montesquieu qui fut payée plus tard au prix du sang versé, des gibets et de la Terreur, ce que l'Île de Corse n'aura jamais généré en cinquante ans
d'investiture plus lointaine.
Trahie, annexée, vendue, troquée, enclavée, Une Île, Une Terre, Une Communauté, et tout ce que l'imprescriptible engendre vers le souverain et
le légitime auront été passés par les armes, pacifiés, acculturés, déniés, pour enfin rentrer dans le rang des Empires naissants et obéir à ce qui
deviendra de gré ou de force : la Manne, la Tutelle, l'Injonction musclée des puissances, l'Assistanat, les terribles proscriptions qui endeuillèrent
par deux fois l'Île et sa population luttant contre les fascismes !
Mais dites-moi, d'où veniez-vous donc, Peuples, Armées des Royautés, bataillons de 1789, pour nier ainsi le droit à la Liberté que vous avez
arrachée de la Bastille à la Nation ! Que devient à vos yeux le combat de vos aînés, de ces hommes épris de liberté comme vous le fûtes, afin que souverainneté
et dignité éclosent et prospèrent ? Pourquoi passer par les armes le Patriote sur sa terre, éradiquer en lui sa volonté à honorer l'essence même
du droit du sol, à commémorer les fondements d'une Légitimité historique inébranlable !... Usurpation, violation, annexion, servage, droit d'aubaine des jeunes monarchies constitutionnelles et des nouveaux empires ? Est-ce là
le produit caustique de l'utopie par les Révolutions ? Une Île, prise dans la Tourmente, au tournant de la Civilisation, devint alors le Théâtre de
ce qui sera plus tard, quelques décennies après, le sort des Colonnies, l'érection des formes de colonialisme et d'impérialisme les plus
intransigeantes et iniques. L'Île de Corse, précurseur des grandes dominantes institutionnelles en gestation, ourdissant l'arène des lois et des
droits, balbutiant quelque nouvel ordre et en passant en pertes et profits au champ d'horreur des Minorités rebelles et vaincues ! Triste et
funeste exemple, faire - valoir de circonstance à l'encontre des entités et communanutés de destin se dressant contre l'engeance dominatrice
des Empires et des Royaumes. On eût certes cru, à l'aube des Lumières, aux vents d'Amérique, à l'Ancien Monde renaissant du Moyen-âge, à un
peu plus de civilité, d'éthique et de morale, de reconnaissance, de dignité, de religiosité ! Non, il en aura été autrement, dans le droit fil de la
Traite des Noirs et des Esclaves, jusqu'aux terribles tortures et négations, aux génocides perpétrés contre les occupants, les autochtones, les
sauvages disait-on jusqu'à la grande exposition universelle de Paris en 1900 et que l'on dévoilait aux yeux des salons. Rapports de force, violence,
barbarie, éviction, droit d'exiler, domination sans précédent, l'Île de Corse n'en finira plus de se déchirer, d'espérer, de souffrir, de perdre une
unité déjà par trop fragilisée par ce que l'on pourrait dénommer ou spécifier : l'Insularité, avec tout ce que l'environnement rude et entravé
suppose et dicte. Et de là mourrait une Langue, une Culture, l'Expression quasi finalisée et exaltée d'un type de rapports à la Nature et à
l'Insularité qui pourtant auront trempé comme l'airain le tempérament Îlien, avec ses largesses et sa fièreté, sa diversité et ses terroirs immenses !
Alors, le 8 Décembre marque un Temps Fort dans Notre Histoire, un Repère pour la Nation, une Ode à la Thébaïde qui nous émeut et nous retient et que l'on adresse à la
Reine, à la Vierge Marie qui veillera pour les hommes sur cette Terre d'amour, tandis que surgissaient les affres de l'exil, le spectre des bagnes, le déracinement et l'xil sans aucun
espoir de retour que chanteront en sanglotant tant de Prisonniers à leur Mère et qui se seront lamentés . Et le Diu vi Salvi Regina résonnera
encore, des Chapelles aux églises, en passant par les places de ces villages abandonnés et parcourus par les vents glacés de Borée, jadis débordant
de vies ... Ô que le temps est dur, oublieux, ingrat à l'encontre des Patriotes de Paoli, de Gaffori et tant d'autres combattants de la Liberté
s'illustrant pour la cause et la vertu loin des alliances perfides, de leurs systèmes de circonstances pesant leur poids d'or et de stratégies
guerrières ou industrielles...
Un Peuple, une Culture, une Histoire, une Terre : " Quatru nomi per dumane", chantaient un jour devant nous I Muvrini, levant droit vers l'étoile
Corsica leurs yeux emplis de larmes et d'émotion !
Non, il n'est pas d'hymne martial, ni d'image de sang impur, de vindicte aux sillons carmins, mais juste l'invocation à la Vierge, protectrice de
la Mère - Patrie, de l'Île de Corse, afin que vainc à jamais les harmonies qui présidaient jadis sur une Terre radieuse, riche, fertile, aux mille
savoirs, une Terre de louanges, de chant et de juste honneur, uneTerre du Commun ne brandissant pas les oripeaux d'une propriété honnie,
félonne et tant avilissante lorsqu'elle s'arrime aux immondes profits des marchés incontrôlables et par trop étrangers annexant chaque jours
mille arpents de la terre pétrée et ancestrale.
Vous me direz que la dérive sémantique et du propos est aisée, que l'on s'écarte de a Festa di a Nazione, que la fête verse dans les atermoiements
d'une frange toujours factuelle récusant la Société de domination et ses mutations incontournables ! Non, je ne partagerais pas cette avis, et je
persiste à croire, à voir sur cette terre le ferment, la semence intarissable d'une volonté historique, quasi innée, pleine et souveraine, susceptible
et prompte à redonner à l'Île de Corse son visage d'antan, une aura rajeunie aux fards et aux atours d'une Culture des Mondes qu'elle s'efforce
d'accueillir en toutes ses sphères opportunes et prodigues, en tant que fruits de la Civilisation. Nous l'eussions espéré ainsi, malgré tout, envers
et contre tout ce qui eût menacé l'intégrité, la fidélité, l'amour voué à une Terre d'exception et de raretés ...
Le 8 Décembre, chantons à la Mémoire des Combattants de la Liberté, aux Morts qui n'ont jamais eu d'autres frontières que la foi et la passion
de l'homme sans le joug ; chantons et invoquons A Santa Regina, car d'elle , l'homme reçoit la juste et commune protection en guise de
sépulture ; Chantons très fort à la mémoire des inconnus qui en ce mois de mai funeste de 1769 furent roulés jusqu'à la mer par les flots en crue
et rouge de sang du Golu, du Tavignanu et de tant d'autres bras saignant vers la mer toutes les larmes d'une Terre défendue avec le coeur ...
Vous qui passez par là, n'oubliez jamais ce que fut le tombeau de l'Indépendance de l'Île de Corse, Ponte Novu, les menées et les campagnes
odieuses et terribles de la pacification ; pacification proclamée sur l'autel bafoué de la Jeune République de Corse ! 1769, une date, si près de
vous, la Capitale Méditerranéenne de la Théologie, de la Théocratie, à l'aube des Institutions modernes et que la jeune Amérique, le Royaume
d'Angleterre louèrent durant des siècles, alors qu' il avait déjà semé les rouages du cauchemar Irlandais !
Un élan de générosité sans pareil se porta vers l'Île soeur de Sardaigne dévastée au Nord, vers la Gallura, après le passage de la Tempête
Cléopatra, véritable cyclone méditerranéen ! Comme on eût souhaité toujours, de Nation à Nation, pareils rapports à la destinée, à la fatalité
qui hélas ! touchent de plein fouet et injustement les victimes...
Dio Vi Salvi Regina
A la CORSICA Regina Gloria a te per l'Eternita, a l'insembu , Sempri cantemu, U Diu Vi Salvi Regina, A Palatina, Missaghju, in cori, in mimoria
Ghjorghju D'OTA, ATALA, l'ottu di Dicembre di u 2013