L'ENFANT ET L'ANIMAL, POUR MILA !
ET POUR TOUS LES ENFANTS QUI NE CONNAISSENT PAS LE BONHEUR DE S'ENDORMIR TOUT CONTRE LA VÉRITÉ D'UN PETIT ÊTRE , A QUI ON SE CONFIE, AVEC LEQUEL ON SE RASSURE SANS MENTIR, ON APPREND SI TÔT A AIMER SANS DÉTOUR.
A CES ADULTES QUI ABANDONNENT LES ANIMAUX SUR LE BORD DES ROUTES, POUR CEUX QUI LES CHASSENT DE LEUR GIRON, DEVANT LEUR PROGÉNITURE , AFIN DE LEUR APPRENDRE, EN PROFONDEUR, LES VOIES DE L'INDIFFÉRENCE ET DE LA PRIMAUTÉ HUMAINE ...
AUX NATIONS QUI MASSACRENT LES DAUPHINS ET AUTRES CÉTACÉS MERVEILLEUX, ET A CELLES AUSSI QUI SE REPAISSENT DE VEAUX ET D'AGNEAUX, DE CABRIS, DE SAFARIS DE CHASSES SANGLANTES ET CRUELLES POUR RICHES... AUX MONOTHÉISMES QUI CONSACRENT LE CULTE DE LA NATURE NOURRICIÈRE ET ÉTERNELLEMENT PRODIGUE , SANS ÉGARDS NI DÉFÉRENCE POUR LE RÈGNE ANIMAL ET VÉGÉTAL
AUX MÉDECINES- TRADITIONNELLES ET MODERNES- QUI CONTINUENT DE SOIGNER L'HOMME, EXCLUSIVEMENT SUR LA SOUFFRANCE INSUPPORTABLE DES ANIMAUX, SANS EN ATTÉNUER AU MOINS LES DOULEURS INACCEPTABLES, ET CES INTERMINABLES CAPTIVITÉS.
C' EST VRAI, L'ANIMAL, C'EST TELLEMENT PLUS FACILE EN PELUCHE OU DANS L'ASSIETTE, BIEN SAIGNANT!
LA VIANDE ANIMALE, EST UN " habitus " CULTUREL, CERTAINEMENT PAS UNE ABSOLUE NÉCESSITÉ !
J'AIME LE PETIT PRINCE, C' EST UN LIVRE DE CHEVET ; CE LIVRE, PLUS QUE TOUT AUTRE, M'ENSEIGNE AU QUOTIDIEN LE SENS DES MOTS, LA FORCE DU VERBE DÉPOUILLÉ ET SIMPLE, SI LOIN DES CONVENANCES ET DES VUES DE L'ÂGE...
QUAND LE MONDE POURRA-T-IL NOUS APPRIVOISER, CRÉER DE VRAIS LIENS?
LES LIENS DE LA PAROLE DONNÉE, CEUX DE LA PAROLE TENUE...
Chapitre XXI
C'est alors qu'apparut
le renard.
- Bonjour, dit le renard.
- Bonjour, répondit poliment Le Petit Prince, qui se tourna mais
ne vit rien.
- Je suis là, dit la
voix, sous le pommier.
- Qui es-tu? dit Le Petit Prince. Tu es bien joli...
- Je suis un renard, dit le renard.
- Viens jouer avec moi, lui proposa Le Petit Prince. Je suis
tellement triste...
- Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas
apprivoisé
- Ah! Pardon, fit Le Petit Prince.
Mais après réflexion, il ajouta :
- Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
- Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu?
- Je cherche les hommes, dit Le Petit Prince. Qu'est-ce que
signifie "apprivoiser"?
- Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent.
C'est bien gênant! Il élèvent aussi des poules. C'est leur
seul intérêt. Tu cherches des poules?
- Non, dit le petit
prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie
"apprivoiser"?
- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie
"Créer des liens..."
- Créer des liens?
- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit
garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai
pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus. Je ne
suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais,
si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras
pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
- Je commence à comprendre, dit Le Petit Prince. Il y a une
fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
- C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes
sortes de choses...
- Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit Le Petit Prince.
Le renard
parut très intrigué :
- Sur une autre planète ?
- Oui.
- Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?
- Non.
- Ça, c'est intéressant! Et des poules ?
- Non.
- Rien n'est parfait, soupira le renard.
Mais le renard revint à son idée :
- Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me
chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se
ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais si tu m'apprivoises,
ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas
qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font
rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme
une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de
blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les
champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais
tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand
tu m'aura apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir
de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
Le renard se tut et regarda longtemps Le Petit Prince :
- S'il te plaît... apprivoise-moi! dit-il.
- Je veux bien, répondit Le Petit Prince, mais je n'ai pas
beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de
choses à connaître.
- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le
renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils
achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme
il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus
d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
- Que faut-il faire? dit Le Petit Prince.
- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras
d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te
regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage
est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras
t'asseoir un peu plus près...
Le lendemain revint Le Petit Prince.
- Il eût
mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens,
par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures
je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me
sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m'agiterai et
m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu
viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure
m'habiller le cœur... il faut des rites.
- Qu'est-ce qu'un rite? dit Le Petit Prince.
- C'est quelque chose trop oublié, dit le renard. C'est ce qui
fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des
autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs.
Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi
est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si
les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se
ressembleraient tous, et je n'aurait point de vacances.
Ainsi le
petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ
fut proche :
- Ah! dit le renard... je pleurerai.
- C'est ta faute, dit Le Petit Prince, je ne te souhaitais point
de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
- Bien sûr, dit le renard.
- Mais tu vas pleurer! dit Le Petit Prince.
- Bien sûr, dit le renard.
- Alors tu n'y gagnes rien!
- J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta :
- Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au
monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un
secret.
Le Petit Prince s'en fut revoir les roses.
- Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes
rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et
vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon
renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres.
Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient gênées.
- Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On
ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un
passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle
seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est
elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai abritée par
le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles
(sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle
que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même
quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
Et il revint vers le renard :
- Adieu, dit-il...
- Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple :
on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible
pour les yeux.
- L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit
prince, afin de se souvenir.
- C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si
importante.
- C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit
prince, afin de se souvenir.
- Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu
ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce
que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
- Je suis responsable de ma rose... répéta Le Petit Prince,
afin de se souvenir.
ANTOINE DE ST EXUPERY