AUTANT EN EMPORTE LE TEMPS ...
Poussières d’étoiles livrées de la nuit constellée d'éternité
Larmes salées moires si bleues Aux yeux de tant dériver
Que le sable roule et lisse Ressac des jours des années
L’aurore à l'île nous réconcilie
Ici la myrtaie au loin une panne pourpre
Ô Temps! tu confies le soleil aux océans
Aux aurores qui nous sont octroyées
Enjoignant la ronde des astres et la lumière
Tu es la mer et la terre partagées
Un signe Qui sait la Providence
Instants croisés fragments au hasard
Autant de contes d’histoires ou de destinées
Le temps ne se mesure pas il imprègne
Jamais ne s’écrit ni ne se lit au présent
Longue nuit d’hiver tombée en flocons
Qui crépite près de l’âtre se couche sur la plaine
Matin de mai cueilli au brin tremblé du muguet
Souffle comblé de rosée Senteurs de l'aure
Entonnez toujours la valse des saisons
Le temps de l'enfance et ses rêves
Se sont déjà envolés L' hirondelle est condamnée
Candeurs dressées au tableau noir barré du devoir
Appendues au beau sapin Innocences tranchées
Le temps abrite comme il heurte brutalement les mondes
Quels émois habiteraient ces clartés de chair
Les nuits obscures ô sanglots sont un calvaire
Les songes auraient des parfums de sourires
Au printemps fleuri d’attentes d'espérances
Puis vient le temps révélé des jours classés
Sans espoir Soir ou lendemain lassé
Couleur de rose et de jasmin fanés
Que l’on croyait éteint perdu à jamais
Et c’est l' azur la terre et la mer
Qui sombrent comme l’éclair au large
Battus aux brisants Un naufrage surgi du néant
Le temps de lire Des maux inlassablement refermés
Les feuilles amassées s’y sont entassées ressassant
La vie mûre qui étouffe et se débat
Au champ esseulé Les moissons stériles
On y confie à l'oubli les souvenirs amers
Vagues montagnes Dunes de la longue houle
Qui tutoyez l’azur l’aube des mois bercée
Ivresses bleues du voyage exils languissants
Rencontres aux fruits oranges fraternelles
Ployez à l’arbre à l' être d'amour ramifié
Ce temps-là n’aime pas la trahison
De toute une légende du verbe pensé
Galvaudés comme reliques indécentes
Quand de durer Ce pari insensé et fou
S’éteint au fond des années
Des années charbons des années survies
Le temps couvert et gris Intailles
Au visage Marquées de silences de faux pas
Agonise morcelé cloisonné exsangue
Et ces absences consumées définitives
Rivées au cadran lancinant des ciels
Cet abîme dissolvant toute renaissance
Il me faudrait coudoyer l'humble vérité
Le temps du bien le temps du mal
Égal à lui-même aux termes de la faim
Du chagrin et de la souffrance
Si près de la joie au-delà de l’opulence
Au creux de la main calleuse
Dans la voix du pauvre le chant des justes
Ou feignant de sévir à l’aune des richesses
Pêchant par indifférence intransigeance
On ne lutte pas avec le temps
Le temps de la conscience renouée
A la seule âme qui vaille doutant d’avoir été
Pour la solitude qui point au balcon des années
Insaisissable trouble ou révélation de l’après
Aurais-je attendu l’existence une vie égarée
Arrimé au seul temps qu’il me reste
A l’ocre impérissable d’un couchant
A l’infini d’un océan de possibles
Au levant qui se souvient
Ne trouvant d'autre issue
Que l'espoir du retour et la force d’aimer
Une vie désespérément déshumanisée
Courir nulle part ailleurs après le temps
Révolu défait d’instants éparpillé
Sans souvenances qui vaillent pénitences
Je vois à la meurtrière le temps Qu’il demeure!
Un jour nouveau ce jour sombre et grave
Grevé du temps enfui de l'inconnu
Je les emportent avec moi m'en ressouviendrai-je
Eux qui me traînent inexorablement
Puissé-je tisser à nouveau dans " l’eau-delà "
Les mailles béantes d'un filet aux illusions riquées
En détourner tous les rets De noirs desseins
J'emmène aussi un îlot de douceurs
De sable de terre de perles bleues
Et leurs poudroiements d'embruns
La vague y fleurira l'océan et le rivage
Se joueraient-ils alors de nous deux
Eployant toujours leurs frissons de pétale
Vers l’azur parsemé de lointains De vies promises
Les pensées vagabondes vogueront
Et comme les âmes qui errent encore
Longtemps et qui remontent
Irrémédiablement l'épure du temps
Renaîtront déjà de la source
A la mer bercées à toujours.
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